Pour raconter les conséquences en Afrique de la nouvelle approche de l’Union européenne sur les flux de migrants qui tentent de rallier le Vieux Continent, six journaux européens – Politiken, Der Spiegel, Le Monde, El Pais, La Stampa et The Guardian – s’associent pour partager leurs reportages. Des articles qui suggèrent que l’UE a tort de ne pas ouvrir davantage ses frontières aux flux migratoires et “exporte le problème” de l’immigration subsaharienne.
En endiguant le flux migratoire en provenance du Maghreb, l’Union européenne a provoqué un goulet d’étranglement cauchemardesque en Afrique.
Ce n’était pas un hasard. Avant même l’arrivée massive de plus d’un million de migrants et de réfugiés en Europe en 2015, les décideurs politiques européens cherchaient désespérément des solutions, pas seulement pour ceux qui avaient déjà rejoint le Vieux Continent, mais aussi pour empêcher de nouveaux d’y parvenir. De Berlin à Bruxelles, il était clair qu’il ne pouvait y avoir de porte ouverte aux millions de misérables venus des périphéries méridionale et orientale de l’Europe.
Les dirigeants européens ont donc cherché à exporter le problème d’où il venait : principalement au Maghreb. Les moyens ont été variés : perturbation des missions humanitaires de sauvetage en Méditerranée, aide aux pays nord-africains et sahéliens qui s’engagent à endiguer le flux des migrants, financement de l’ONU pour rapatrier les migrants bloqués en Libye et renforcement des garde-côtes libyens.
Le résultat est un engorgement de la crise migratoire dans une partie du monde qui est la moins capable de la gérer. Les critiques estiment que l’Europe essaie simplement d’exporter le problème et de le contenir loin de ses côtes pour des raisons d’opportunisme politique, mais que cette approche ne fonctionnera pas. «Nous créons le chaos dans notre propre cour, dit sous couvert d’anonymat un haut responsable de l’aide européenne. Cela nous coûtera très cher si nous ne réglons pas le problème.»[…]