Extraits de l’éditorial du Monde intitulé “L’antisémitisme ordinaire, en France en 2017”.
La deuxième profanation de la stèle dressée à la mémoire d’Ilan Halimi, jeune homme juif kidnappé, torturé puis tué il y a onze ans, relève d’une « nouvelle judéophobie » qui sévit dans les banlieues françaises.
C’est une maladie mortelle qui refuse de s’éteindre. L’antisémitisme a encore frappé en France, en cette Toussaint 2017. La victime, pourtant, était déjà morte, sous la torture, onze ans plus tôt, mais visiblement, cela ne suffisait pas.
Pour la deuxième fois, la stèle dressée dans le parc communal de Bagneux (Hauts-de-Seine) à la mémoire d’Ilan Halimi, jeune homme kidnappé parce que juif en 2006, puis tué par ses agresseurs après vingt-quatre jours de martyre, a été profanée. Elle a été retrouvée mercredi 1er novembre par des promeneurs, arrachée de son socle, couverte d’insultes antisémites et marquée d’une croix gammée. […]
Les juifs demeurent l’objet fantasmé d’une haine quotidienne dans les banlieues. C’est cette « nouvelle judéophobie », notamment véhiculée par les réseaux sociaux, qui entretient l’antisémitisme ordinaire en France. L’Etat doit poursuivre, résolument, sa lutte contre toutes les formes de racisme et d’antisémitisme. Mais il doit associer à cette lutte les géants d’Internet, trop laxistes, quelles que soient leurs dénégations, sur les flots de haine qui se déversent quotidiennement en ligne. A eux, aussi, d’exercer une responsabilité à la mesure de leur impact dans la société française, dans toute sa diversité.