Mediapart, en enquêtant longuement sur Tariq Ramadan, avait été informé de la « vie bien remplie » de ce pourfendeur de femmes adultères. Mais ce détail était passé à l’as au nom du respect de « la vie privée ».
Tiens, vous êtes peut-être d’ailleurs déjà tombé sur cette citation proprement « étonnifiante » de Bernard Godard, l’ancien « monsieur Islam » des trois ou quatre derniers gouvernements, via laquelle nous découvrons ce qu’avaient effectivement repéré les proches de notre télévangéliste préféré :
« Qu’il avait beaucoup de maîtresses, qu’il consultait des sites, que des filles étaient amenées à l’hôtel à la fin de ses conférences, qu’il en invitait à se déshabiller, que certaines résistaient et qu’il pouvait devenir violent et agressif, ça oui. Mais je n’ai jamais entendu parler de viols. J’en suis abasourdi. »
Argh, mon vieux Bernard, on ne te le fait pas dire ! Abasourdi est précisément le mot qui convient. Alors comme ça, tu connaissais un mec qui pouvait « devenir violent et agressif » avec des nanas pour coucher avec mais qu’on puisse l’accuser de viol te laisse carrément sur le postérieur…
Bah. OK. Pourquoi pas après tout. Un spécialiste de l’islam, ça n’est pas un journaliste d’investigation. Son boulot à lui, c’est de réfléchir au fait religieux dans l’espace républicain, pas de faire tomber le masque des pharisiens…
Cogner sur la “croisée” Caroline Fourest
Mais d’ailleurs, les vrais journalistes d’investigation, ceux dont c’est le taf, mais aussi le sacerdoce, d’aller traquer les tartuffes de Bercy qui fraudent le fisc, ils fichaient quoi ? Je veux dire, ils fichaient quoi à part cogner sur la « croisée » Caroline Fourest ?
Me souvenant justement d’avoir lu, l’an dernier, une grosse enquête tous azimuts sur Ramadan chez Médiapart et de l’avoir trouvée plutôt pas trop complaisante, en dépit de la proximité entre le prédicateur et le boss du site Edwy Plenel, je me suis dit qu’il serait judicieux de me la retaper (sic).
Las, à Atlantico, on n’est plus abonné à Mediapart et j’ai d’abord dû ressortir ma CB pour y accéder, à la fameuse enquête, mais il y avait une promo à un euro et je me suis lâché (je ferai une note de frais). Comme dans mon souvenir, et en dépit du grand nombre d’interlocuteurs et de sujets abordés, pas un mot sur les affaires de cul… Rien, nibe, queud…
N’écoutant que mon instinct de reporter chevronné, j’ai contacté l’auteur du dossier sur Twitter, parce que c’est pratique ce truc là, vu que je ne le connais pas et qu’il habite New York désormais :
– Bonjour, j’ai relu l’enquête sur Ramadan et rien sur son rapport aux femmes. Ça n’a jamais été évoqué par vos interlocuteurs ?
– Non. Entendu parler d’un comportement peu adéquat avec le rigorisme prêché, oui. Mais pas d’agressions ou viols.
– Mais « peu » adéquat comment ? Rien qui ne vaille de tirer sur le fil face à un père la morale professionnel ? Vous êtes comme Bernard Godard ?
– J’avais entendu parler de relations extra-conjugales, d’une vie sexuelle disons remplie. Pas de violences, d’agressions ou de viols.
– Ça ne semblait pas un angle important pour un prédicateur rigoriste accusé de duplicité par ses détracteurs ? Vous en avez parlé à la rédac?
– Non les infos que j’avais, ça ne dépassait pas le cadre de la vie privée.
(…) Atlantico