C’était, en apparence, un jeune migrant comme tant d’autres. Un Algérien de 19 ans au visage juvénile qui rêvait d’Europe et a su profiter de la crise migratoire pour se mêler au flot de réfugiés du conflit syrien. Arrivé en Grèce dans un Zodiac à l’été 2015, Bilal Chatra a franchi bien des frontières : il a traversé la Macédoine, la Serbie, la Hongrie et l’Autriche, avant de déposer, sous des identités différentes, plusieurs demandes d’asile en Allemagne.
La première fois qu’il a eu affaire à la police, c’était en août 2015,pour une banale histoire de vol à l’étalage outre-Rhin. Il récidive le mois suivant, et passe plusieurs semaines en prison. Quelques mois plus tard, il est de nouveau incarcéré, pour escroquerie cette fois. Il aura fallu de longs mois aux enquêteurs pour comprendre que ce sans-papiers au parcours erratique était bien plus qu’un simple délinquant.
Au printemps 2016, les services allemands de renseignement transmettent à la justice une information détonante : le petit voleur détenu à Heinsberg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie) est en réalité un personnage clé de la vague d’attentats qui a frappé l’Europe en 2015. Bilal Chatra, alias « Abou Hamza le sniper », est impliqué dans trois projets terroristes pilotés par une figure du djihad belge, Abdelhamid Abaaoud, le coordinateur des attentats de Paris. (…)