Une pétition lancée vendredi par une enseignante s’insurge «contre ces combats féministes qui abîment la langue». Un collectif de professeurs adresse une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer.
C’est une déconstruction de plus. Les déconstructeurs travaillent bien, sont très efficaces. Ils ont quasiment détruit une culture, détruit le présent, et comme le passé c’est compliqué, ils veulent détruire l’histoire de notre passé, l’histoire de notre langue. -Charles Beigbeider)
Entre pétition et lettre ouverte, les opposants à l’écriture inclusive, dont de nombreux enseignants, commencent à s’organiser. Professeur de lettres au lycée Saint-Louis-de-Gonzague, à Paris, fréquenté il y a peu par Brigitte Macron, Emmanuelle Fontenit a créé vendredi 10 novembre une contre-pétition sur le site change.org destinée au ministre de l’Éducation. «J’espère qu’elle permettra de contrer les Trissotin des temps modernes», nous indique cette enseignante qui entend représenter la «majorité silencieuse». Elle souhaite ainsi s’opposer à la pétition lancée par le professeur de lettres Eliane Viennot laquelle prône l’abandon de la règle qui veut que le masculin l’emporte sur le féminin.
Intitulée «Contre ces combats féministes qui abîment la langue française», la pétition d’Emmanuelle Fontenit débute ainsi: «Entre écriture dite ‘inclusive’ et retour sur des règles appliquées depuis des siècles sans que personne n’y ait rien trouvé à redire jusqu’à maintenant, certains idéologues ont décidé de mener une attaque en règle contre notre langue, déjà bien mise à mal par des pratiques pédagogiques débiles qui ont abîmé des générations d’écoliers, collégiens, lycéens. Ceux-ci ne savent plus écrire sans faire de fautes grossières.
Il est temps d’arrêter le massacre. Que la voix de la majorité silencieuse s’élève enfin pour soutenir un combat vraiment légitime: permettre à tout enfant de France d’acquérir les bases élémentaires de l’orthographe et de la grammaire!!! Et non pas leur bourrer le crâne d’insanités sous prétexte de ‘féminisme’».
« Nous souhaitons donc voir bannir de l’Education Nationale tout manuel, «apprentissage», ou méthode propre à semer la confusion dans les esprits en formation dont nous, professeurs, avons la charge. »
De son côté le collectif Condorcet «regroupant des enseignants et des parents d’élèves qui refusent les réformes mettant à mal l’Éducation Nationale» a envoyé une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer au sujet de l’écriture inclusive, «avec un regard nouveau, celui du Canada qui en a connu une utilisation massive il y a 20 ans, puis s’en est détaché».
«Loin de vouloir attiser conflits et polémiques, nous souhaitons éviter que la lutte au quotidien pour l’égalité entre les femmes et les hommes – idée louable en soi – ne se transforme en erreur fatale pour notre société, toujours imprégnée par un idéal de clarté, d’intelligibilité, voire d’élégance (…)» . […]