Le budget en hausse de l’Aide médicale d’Etat (AME) a donné lieu à une passe d’armes à l’Assemblée nationale dans la nuit de lundi à mardi, la majorité et la gauche défendant un dispositif décrié par la droite et l’extrême droite.
Votés à main levée, les crédits 2018 de la Santé, en hausse à 1,4 milliard d’euros environ, comprennent un volet Protection maladie, qui finance quasi-exclusivement cette aide pour les étrangers en situation irrégulière, et un volet Prévention, sécurité sanitaire.
« Beaucoup de migrants arrivent avec des pathologies infectieuses, comme une hépatite ou la tuberculose, et lorsqu’ils viennent nous voir, même pour un autre motif, cela nous permet de faire de la prévention et du dépistage », décrit Yannick Schmittn vice-président du syndicat ReAGJIR. ( source )
La majorité LREM-MoDem et les Constructifs les ont adoptés, LR mais aussi la gauche de la gauche rejetés pour des raisons opposées, les socialistes se sont abstenus.
Pour l’année prochaine, le montant programmé pour l’aide médicale d’Etat, instaurée en 2000 pour les étrangers sans papiers résidant en France depuis plus de trois mois qui en font la demande, est de 882 millions d’euros. Le nombre de bénéficiaires de l?AME a connu un léger infléchissement en 2016, avec 311.310 personnes en fin d’année, et semble se confirmer en 2017, selon le rapport de Véronique Louwagie (LR).
La ministre Agnès Buzyn a notamment prévenu que supprimer l’AME serait “une faute au regard de la santé publique“, vu les risques de transmission de maladies contagieuses, et “ferait peser sur les professionnels et établissements de santé une responsabilité qui n’est pas la leur“. Un avis partagé par la majorité.
Idem pour la gauche, unanime, qui a salué la hausse de l’AME comme “de bon sens” vu le nombre de migrants, et ce dispositif comme “un honneur pour notre pays” où la santé “doit rester un droit pour tous“.
Mais “la somme considérable interroge beaucoup de nos concitoyens“, d’autant qu’il y a des “abus“, a déclaré Mme Louwagie, qui a échoué à obtenir un rapport sur l’évolution des dépenses de ce “système généreux“.
Cette “ générosité“, pour des migrants ayant assez d’argent pour “ s’acheter un portable “, est “ incompréhensible pour les Français qui économisent quelques euros “, a renchéri Julien Aubert, plaidant sans succès au nom de LR pour recréer un droit de timbre et affirmant que le Danemark, la Suède, la Suisse, l’Espagne ou l’Italie ont des dispositifs modérateurs.
Pour Emmanuelle Ménard, élue avec les voix du FN, l’AME, “ en roue libre ” et “ payée par ceux qui travaillent pour ceux qui non seulement ne travaillent pas mais sont en situation irrégulière “, doit aussi être fortement réduite. […]