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La non-qualification à la Coupe du monde, une première depuis 1958, a blessé l’orgueil d’un pays qui voit en son équipe de football son propre reflet. L’occasion, une nouvelle fois, de faire des étrangers des boucs émissaires.

Pas de miracle à Milan. Lundi soir, une équipe d’Italie sans grande inspiration a buté contre le mur défensif de la Suède qui avait emprunté la stratégie du catenaccio (le verrou) à ses adversaires transalpins. Match nul et vierge au barrage retour à San Siro après avoir perdu à Stockholm : c’est l’uscitá («la sortie») pour la Squadra Azzurra. Pour la première fois depuis 1958, l’équipe quadruple championne du monde ne participera pas au tournoi, ce qui représente des dizaines de millions d’euros de manque à gagner, notamment en sponsoring (pour la Fifa, c’est 100 millions en moins de droits télé), et surtout un sentiment de «désastre» et «d’apocalypse». Mardi matin, le traumatisme était relayé par la presse, en une de La Gazzetta dello Sport barrée du titre «C’est la fin» ou encore «Azzurro tenebra» («le bleu des ténèbres») en première page du très sérieux Corriere della Sera.

(…) Reste que, comme en 1966, les joueurs étrangers du championnat italien sont accusés d’empêcher l’éclosion des jeunes talents locaux. Un refrain repris par le commentateur de la Rai et par Matteo Salvini, le leader du parti d’extrême droite de la Ligue du nord, qui a tweeté : «Trop d’étrangers sur les terrains, des équipes de jeunes à la série A. Voilà le résultat. #Stopinvasion». «Certains responsables se sont jetés comme des chacals sur cette élimination», a répliqué sur Facebook l’ex-Premier ministre et patron du Parti démocrate, Matteo Renzi, rappelant que de nombreuses équipes, à commencer par l’Allemagne, ont bâti leurs succès sportifs sur l’intégration des fils d’immigrés. Mais en Italie, le projet de 2013 sur le droit du sol est toujours en rade au Parlement.

Libération

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