Lorsque le canal Saint-Martin a été mis à sec sur deux kilomètres en 2016, on y a retrouvé des baignoires, des machines à laver, des skis, un révolver, un scooter et… une petite centaine de Vélib’. Depuis son installation en 2007, le parc de 20 000 vélos en libre-service de la Ville de Paris fait l’objet d’un vandalisme qui frise l’acharnement. La Ville lumière fait figure de bien triste exception culturelle dans la galaxie des cités dotées d’un tel système. « C’est vrai que nous avons rencontré un net problème de géographie », euphémise Albert Asseraf, directeur général stratégie chez JCDecaux. L’entreprise, qui a déployé le même système dans 80 villes et 13 pays, estime que « toutes choses étant égales par ailleurs, il y a vingt fois plus de vols et vandalisme sur les vélos à Paris qu’à Dublin ».
Dix années d’expérience auront permis à JCDecaux – qui rendra les clefs de la concession parisienne au 31 décembre prochain – de se constituer une connaissance fine de ces phénomènes de déprédation. Ainsi les vols et dégradations de ses vélos sont plus élevés dans l’est que dans l’ouest de Paris. Pour le dire plus crûment, il y a plus de détériorations dans les quartiers pauvres que dans les quartiers riches, « avec une offre d’abonnement à partir de 19 euros par an, on ne peut pas imaginer qu’il s’agisse d’une question de coût », écarte Albert Asseraf. Ce vandalisme, fidèle baromètre du désœuvrement, varie selon les années (2015 fut une année noire) et deux critères simples : température et calendrier scolaire. Les Vélib’ redoutent les vacances d’été.
(…) Le Point