Nelson Mandela avait un trust sur l’île de Man, apparemment créé par son avocat, pour qu’il puisse discrètement verser de l’argent à des tiers. L’histoire est curieuse, tant il semblait improbable que la piste de ce leader de la lutte contre l’apartheid mène jusqu’à cet îlot de mer d’Irlande qui tente de se débarrasser de son image de paradis fiscal .
Les « Paradise Papers », ces 13,4 millions de documents partagés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), dont Le Monde est partenaire, ont permis de mettre la main sur les dix-sept pages de l’acte de constitution original du « Mad Trust » – une référence à « Madiba », le nom du clan de Mandela – créé le 21 janvier 1995 par Ismail Ayob, l’avocat de l’ancien prisonnier. Nelson Mandela était alors depuis huit mois le premier président démocratiquement élu d’Afrique du Sud.
Selon son acte constitutif, le trust avait pour but de réunir des dons pour les « bénéficiaires de la communauté, ainsi que pour des actions éducatives et caritatives ». Il a été créé quatre mois après l’ouverture par Me Ayob d’un compte au nom du Mad Trust à l’agence londonienne de la banque sud-africaine Nedbank, en septembre 1994, avec 2,4 millions de livres sterling en dépôt (3 millions d’euros en 1994).
Les fondateurs du trust étaient alors « monsieur et madame Mandela ». A l’époque, l’épouse du président était encore Winnie Madikizela-Mandela, dont il ne divorcera qu’en 1996. En octobre 2003, le compte totalisait 2 096 220 dollars (1,8 million d’euros), selon un audit du cabinet Deloitte & Touche. Les sommes ont été transférées en 2009 vers un autre compte Nedbank, en Afrique du Sud.
Selon l’avocat de l’ancien président, Nelson Mandela s’est notamment servi du trust pour soutenir Margot Honecker, la femme d’Erich Honecker, le dernier président d’Allemagne de l’Est (…)