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Entretien avec Alain Finkielkraut.

(…) LE FIGARO : Des néoféministes, en pointe dans le phénomène #balancetonporc, étaient plus en retrait au moment des agressions sexuelles de Cologne et considéraient que le harcèlement de rue dans le quartier de la Chapelle Pajol s’expliquait par des trottoirs trop étroits. N’y a-t-il pas aussi une culture du déni?

Alain FINKIELKRAUT : “L’un des objectifs de la campagne #balancetonporc était de noyer le poisson de l’islam: oubliée Cologne, oubliée la Chapelle Pajol, oubliés les cafés interdits aux femmes à Sevran ou à Rillieux-la-Pape, on traquait le sexisme là où il était une survivance honnie et l’on couvrait du voile de la lutte contre toutes les discriminations les lieux où il façonnait encore les mœurs. Les stars américaines tombaient comme des mouches, des affichettes mettant en garde contre le sexisme étaient placardées sur les murs du Parlement français, et puis patatras, le scénario d’Osez le féminisme! se détraque: les noyeurs de poisson attrapent, bien malgré eux, un très gros poisson islamiste qu’ils ne peuvent pas rejeter à la mer.

Car Tariq Ramadan n’est pas seulement accusé de harcèlement mais de viol et de coups et blessures. Si les faits sont avérés, il sera disqualifié même aux yeux d’Edgar Morin, sa grande caution progressiste. C’est tant mieux, mais j’aurais préféré personnellement que Ramadan tombât pour son discours plutôt que pour son comportement. Car la relève est prête. Des prédicateurs impeccables poursuivent d’ores et déjà son œuvre d’endoctrinement. Là réside le péril.”

LE FIGARO : Charlie Hebdo en a fait sa une, et depuis Mediapart et une partie de la sphère «islamo-gauchiste» s’en prend au journal satirique. Riss a répondu dans un éditorial cinglant à Edwy Plenel. Que vous inspire cet affrontement?

Alain FINKIELKRAUT : “La pensée d’Edwy Plenel repose tout entière sur une analogie entre le sort des Juifs jusqu’à la Shoah incluse et la situation faite aujourd’hui en France aux musulmans. Parler d’un problème de l’islam, c’est donc, à ses yeux, s’inscrire dans la droite ligne de l’antisémitisme exterminateur. Oubliant que dans les années 1930 aucun terroriste ne se réclamait du Talmud et niant avec une constance qui force l’admiration la réalité pourtant criante de l’antisémitisme musulman, il traite de racistes tous ceux qui disent avec Élisabeth Badinter qu’une seconde société tente de s’imposer insidieusement dans l’espace public et qui refusent d’expliquer ce phénomène par l’islamophobie ambiante.

Les adversaires de Plenel sont les ennemis du genre humain. La couverture de Charlie qui le met en cause est «une nouvelle affiche rouge», rien de moins. Et cette une fait partie, ajoute-t-il, d’une campagne générale de guerre aux musulmans. Ainsi Plenel, fou de lui-même et de son zèle compatissant, en vient à utiliser le vocabulaire des fous d’Allah. Qu’ont fait les frères Kouachi, en effet, sinon répondre par les armes à la guerre que Charlie leur avait déclarée en insultant le prophète? Riss a raison. Cette phrase est impardonnable, car, en désignant Charlie encore une fois comme agresseur, elle adoube à l’avance les tueurs qui voudront finir le travail commencé le 7 janvier 2015. La vérité éclate enfin: Mediapart n’est pas un site d’information, c’est une secte fanatique et d’autant plus méchante que rien jamais n’entame la bonne conscience antiraciste de ses membres.”

(…) Le Figaro

Merci à valdorf

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