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CHRONIQUE – Dans sa pratique du pouvoir, Emmanuel Macron retrouve l’esprit de la Ve République gaullo-pompidolienne. Tout part du chef, élu au suffrage universel ; et le chef, c’est le président de la République.

(…) Macron a tiré les leçons des échecs de ses deux prédécesseurs. Le quinquennat de Hollande a été pourri par la rébellion des frondeurs à l’Assemblée nationale ; et le président de la République n’a jamais pu tomber sa veste de premier secrétaire du PS, soucieux sans cesse de trouver la synthèse entre les différents courants. On a cru que Nicolas Sarkozy était émancipé de ce genre de contrainte. C’était une illusion. Sarkozy était autoritaire dans la forme ; mais il cherchait toujours à rassembler ce qu’on ne pouvait pas rassembler, c’est-à-dire la droite et le centre, liés par des intérêts électoraux au sein de ce monstre partisan que lui avait légué Alain Juppé: l’UMP.

Sur l’autel du «rassemblement de la famille», Sarkozy sacrifiera l’esprit de sa campagne de 2007. Et sa réélection.

Macron retrouve l’esprit de la Ve République gaullo-pompidolienne. Tout part du chef, élu au suffrage universel ; et le chef, c’est le président de la République. Pas de démocratie, pas de débats, pas de courants, pas de clans. C’est le grand retour de la verticalité, de la hiérarchie. De l’ordre. C’est un grand moment réactionnaire dans une époque progressiste vouée au débat et au consensus. Il est amusant de voir les élus d’En marche!, pour beaucoup anciens socialistes blanchis sous le harnais du «débat» et de la «participation», défendre la culture du chef qu’ils abhorrent partout ailleurs, à l’école ou dans l’entreprise. C’est toute l’ambivalence macronienne: un discours moderniste et une pratique archaïque. Un éloge de la participation, de l’ouverture, de la spontanéité ; un gouvernement des meilleurs hyperconcentré.

Macron est fidèle à l’esprit de la Ve République, mais pas à l’esprit de sa campagne. Fidèle à la technostructure d’élite qui l’a formé, pas à la base sociologique de ses électeurs. Ceux-ci sont les cocus de l’histoire Macron, comme les ouvriers furent les cocus du mitterrandisme, et les pieds-noirs, ceux du gaullisme. Mais la société que Macron promeut- société ouverte, égalitaire, liquide, sans hiérarchie ni racines-est le contraire absolu de son mode de gestion politique. Une contradiction majeure qui risque de faire sauter le quinquennat aux premières tempêtes.

Le Figaro

Merci à valdorf

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