Soutenu par le ministère de la justice américain, il accuse la prestigieuse université de l’Ivy League de plafonner le nombre d’élèves asiatiques. D’aucuns y voient surtout un combat personnel
Il dit agir au nom de 22 000 étudiants américains d’origine asiatique qui se jugent discriminés lors de leur demande d’admission dans les universités américaines. En réalité, Edward Blum mène son propre combat. Cet activiste estime que nul ne doit être jugé d’après la couleur de sa peau et conteste toute discrimination positive, laquelle permet de facto de favoriser l’accession des Afro-Américains et des Hispaniques dans les universités.
M. Blum s’en est pris à la plus prestigieuse d’entre elles, Harvard, qu’il accuse de plafonner le nombre d’élèves asiatiques, comme elle le faisait avec les juifs au milieu du XXe siècle. Les Asiatiques représentent 21 % des admis à Harvard, alors qu’ils forment moins de 5 % de la population, mais ils doivent avoir de meilleurs résultats scolaires que les autres pour être reçus. M. Blum a remporté des batailles, un juge fédéral ayant exigé de l’université qu’elle lui fournisse des années de données sur les scores, la répartition démographique, voire les entretiens des candidats à Harvard.
Il profite du climat de défense de l’« homme blanc » qui prévaut depuis l’élection de Donald Trump. M. Blum a reçu indirectement le soutien du département de la justice américain, lequel a décidé de s’attaquer à Harvard en relançant une plainte déposée en 2015 par 64 associations d’Américains asiatiques et en exigeant de l’université qu’elle lui fournisse les données sur les candidats. L’affaire donne lieu à des échanges épistolaires aigres-doux : le ministère accuse Harvard de traîner des pieds et menace de la poursuivre en justice si elle ne s’exécute pas avant le 1er décembre.
L’inflexion politique remonte à l’été, lorsque le ministère a décidé d’embaucher des juristes pour enquêter sur la discrimination positive, initiative condamnée par les progressistes et saluée par les conservateurs comme M. Blum. Ce dernier multiplie les procès. Il est à l’origine de la dernière décision de la Cour suprême des Etats-Unis, en juin 2016.
M. Blum avait pris la défense d’une jeune fille blanche dont la candidature avait été rejetée par l’université d’Austin, au Texas. La cour a validé le système de sélection d’Austin, estimant que la diversité était bénéfique à l’ensemble des étudiants, tout en excluant des quotas chiffrés ou un système à points selon l’appartenance raciale. Toutefois, note M. Blum, elle a précisé que les universités devaient évaluer sans cesse les effets positifs et négatifs de l’« affirmative action ». Il en a conclu qu’il y avait matière à poursuivre son combat contre Harvard, en défendant les Asiatiques.
L’ennui, note dans le New York Times Armand Derfner, avocat spécialisé dans la défense des droits civiques, c’est que les universités comme Harvard usent très peu du critère racial dans leur sélection. Selon lui, M. Blum distille l’idée que « le problème dans la société est que les Noirs ont la vie trop facile et que les Blancs se font avoir ».
Merci à valdorf