Au début des années 2000, un débat au caractère explosif et aux conséquences importantes encore aujourd’hui surgit au sein de l’extrême gauche, de la gauche radicale et du mouvement altermondialiste. Portée par le Socialist Workers Party, un parti trotskiste britannique, l’idée d’une stratégie d’alliance avec l’islamisme sème le trouble. Inexistant sur le plan électoral, le SWP est néanmoins influent au Royaume-Uni comme sur le plan international. Au début des années 2000, il est actif dans le mouvement anti-guerre et dans le mouvement altermondialiste. Si la stratégie a été rejetée en France, elle a contribué à des mutations idéologiques alors en gestation.
L’islam exerce depuis longtemps une véritable fascination au sein des mouvements marxistes, d’extrême gauche ou anticolonialistes. Pendant la guerre d’Algérie, l’avocat de la militante Djamila Bouhired, Jacques Vergès, déjà vieux routier des combats anticolonialistes, se convertit à l’islam lorsqu’il se rapproche du Front de libération nationale. Un peu plus tard, aux confins de l’extrême gauche, le terroriste vénézuelien Illitch Ramirez Sanchez –Carlos– embrassa lui aussi l’islam.
Fait intéressant, propre au monde arabe et à la Palestine celui-là, le chef du très laïque Front Populaire de Libération de la Palestine Georges Habache expliquait que certains de ses militants chrétiens, marxistes, s’étaient convertis. Anis Naccache, passé par les groupes terroristes pro-palestiniens marxistes de Wadie Haddad, qui tenta d’assassiner l’ex-Premier ministre iranien Shapour Bakhtiar en 1982 à Paris, fit la jonction entre le terrorisme d’extrême gauche et le terrorisme islamiste. (…)