Devant sa ferme dont il a été expulsé, Deon Theron, un Zimbabwéen blanc, sait qu’il ne récupérera jamais ses terres. Mais, avec la chute du président Robert Mugabe, il reprend espoir, convaincu que le nouveau gouvernement fera discrètement appel à ses pairs pour relancer l’agriculture en ruine.
Deon Theron a été chassé en 2008 de sa ferme de 400 hectares, où il élevait du bétail et cultivait du maïs, dans le district de Beatrice, à deux heures de la capitale, Hararé. Il n’a reçu aucune compensation. « J’ai été expulsé à la suite d’intimidations, de violences et de plusieurs procès », explique ce sexagénaire, désormais reconverti dans l’hôtellerie à Harare.
Deon Theron a été victime, comme quelque 4 500 autres propriétaires blancs, de la réforme agraire lancée en 2000 par le président Mugabe. Les terres ont été redistribuées, parfois dans la violence, à la majorité noire.
Avec la chute de Robert Mugabe, le 21 novembre, après trente-sept ans au pouvoir, Deon Theron entrevoit de possibles changements. « Je pense que le nouveau gouvernement va faire en sorte que les personnes compétentes puissent retourner dans les fermes », avance-t-il, vêtu d’une chemisette kaki et d’un bermuda sombre, la tenue traditionnelle des fermiers blancs en Afrique australe.
La ferme, où il a élevé avec son épouse ses trois enfants, « a été confiée à un haut responsable de la Banque centrale » qui vient s’y ressourcer les week-ends, explique-t-il. « Je refoule les souvenirs » associés à cette maison, « j’ai essayé d’avancer », explique Deon Theron. Mais les larmes ne sont pas loin quand il évoque son chef d’équipe, battu à mort en 2005 dans des violences liées à la saisie des fermes.
Le départ de Robert Mugabe « laisse entrevoir une lueur d’espoir », confie aussi Heidi Visagie, expulsée en 2012 de sa ferme dans les alentours de Chegutu (centre). « Le nouveau président est un homme d’affaires à l’esprit pratique, donc on est prudemment optimistes en dépit de son passé entaché de violences », ajoute cette quadragénaire.
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