Atlantico : Vous le rappelez dès l’introduction de votre livre : la situation concernant la fraude et la corruption de nos politiques ne s’est pas améliorée lors des trois dernières décennies.
Partant de ce constat quelles sont les chances pour que cela s’améliore sous la présidence d’Emmanuel Macron malgré la loi de moralisation ?
Roger Lenglet : Aucune chance si l’on s’en tient à la loi de moralisation votée en 2017, qui a suivi de peu la loi Sapin 2, car elles ne contiennent pas ce qu’il faudrait, comme nous le montrons en détail dans notre enquête.
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Jean-Luc Touly : Quant au renouvellement de la classe politique qu’Emmanuel Macron a provoqué avec le succès électoral de La République en Marche (LREM), rien ne montre pour l’instant que les nouveaux élus vont bouleverser les pratiques.
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Cumulées, la fraude et la corruption coûtent au minimum entre 80 et 100 milliards d’euros par an aux finances françaises, sans compter les coûts économiques indirects. Par exemple, les conséquences dévastatrices pour les petites et moyennes entreprises qui ne peuvent pas entrer en concurrence, faute de pouvoir offrir des pots-de-vin équivalents et la même logistique de détournements d’argent. Ces sommes faramineuses permettraient concrètement aussi de boucher le trou de la sécurité sociale, toutes branches confondues, et il nous en resterait pour combler une partie importante de la dette française. Pour prendre la mesure de l’ampleur du coût de la corruption et de la fraude, il faut prendre tout cela en compte.
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Parmi les solutions que nous préconisons, l’une d’elle est de sanctionner plus sérieusement les entreprises prises la main dans le sac. Mais également les élus qui délèguent nombre de services publics essentiels sans aucun contrôle tout en cumulant plusieurs fonctions et indemnités dans de nombreux syndicats intercommunaux (eau, assainissement, déchets, chauffage urbain, pompes funèbres…). Nous montrons dans le livre que les condamnations judiciaires sont plus fréquentes qu’on ne l’imagine mais les corrupteurs s’en tirent mieux. Une mesure vraiment dissuasive contre ces derniers serait de leur interdire l’accès aux marchés publics pendant des années. On voudrait sensibiliser l’opinion publique et les parlementaires à ce positionnement qui permettrait de sortir d’un système pénal qui se réduit pour l’essentiel à sanctionner les corrompus. Nous avançons aussi d’autres solutions. Tout cela contribuerait au redressement économique de la France.
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