Rideaux baissés dans les centres-villes, magasins vides dans les temples de la consommation… Les données que nous publions en exclusivité montrent que la situation se dégrade dans un pays saturé de centres commerciaux.
« El centre del mon ? Nous, on appelle ça le coin le plus paumé du monde. » La vendeuse de la seule gargote café-sandwich du centre commercial adossé à la gare TGV de Perpignan est amère. Le Centre del mon est vide. Désespérément vide. 85 % des 10.000 m2 de commerces disponibles sont inoccupés. Et pourtant, l’ensemble de 80.000 m2, qui accueille aussi des bureaux sur quatre étages, n’est pas vétuste: il a été construit en 2008, pour plus de 150 millions d’euros par le géant espagnol de l’immobilier Metrovacesa. L’ensemble, racheté une bouchée de pain – 14 millions d’euros –, il y a un an par, le groupe immobilier perpignanais Sofidec, va être vendu à la découpe.
Le Centre del mon est symptomatique d’une France saturée de centres commerciaux. Pas moins de 17 millions de mètres carrés sont aujourd’hui dévolus à ces temples de la consommation. Un trop-plein que le pays n’arrive plus à digérer. Rideaux baissés dans les artères jadis commerçantes des cœurs de ville, boutiques à l’abandon en périphérie… le modèle français est à bout de souffle. En moyenne, 11,3 % des commerces de centre-ville en France étaient déserts en 2016, contre 7,2 % en 2012. Le phénomène s’accentue en 2017 avec 11,7 % de vacance, selon les données de la Fédération pour l’urbanisme et le développement du commerce spécialisé Procos, que Le Monde publie en exclusivité.
Cet institut a recensé le nombre de commerces vides en 2016 dans 190 centres-villes, 703 parcs d’activité commerciale, et 691 centres commerciaux dans toute la France. Le constat ? Alarmant. En 2016, 108 communes dépassent un taux de vacance de 10 % dans leur cœur de ville. Elles n’étaient que 21 en 2001. « Au-dessus de 5 %, cela marque un début d’érosion de l’attractivité. Et au-delà de 10 %, on peut parler de phénomène structurel durable », précise Pascal Madry, directeur de l’Institut pour la ville et le commerce…
Merci à Lilib