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En 2000, Yves Santamaria, maître de conférences à l’Institut d’études politiques de Grenoble, publiait Sociologie d’un rocker, une analyse de ce qui unissait les Français à Johnny Hallyday. Dans un grand entretien pour le Figaro Vox, il revient sur le phénomène Johnny et l’émoi suscité par sa disparition.

Aurions-nous tous en nous «quelque chose de Johnny Hallyday»? C’est la question que vous posiez à travers votre petit essai paru au début des années 2000, “Sociologie d’un rocker”. Quel était le lien qui unissait Johnny à la société française ?

Un vieux routier de la chanson tel que Jean-Jacques Goldmann, à l’occasion du soixantième anniversaire de Johnny en juin 2003: «Il y a dans l’affection très profonde du public pour Johnny Hallyday un phénomène qui va au-delà des sexes et des classes sociales. Le comprendre nous éclairerait probablement sur nous, Français.» […] Johnny, tout en sentant l’appel de l’Atlantique, était animé d’un réel patriotisme. Il affichait peu de goût pour la ruralité tout en se donnant à la France profonde. En cela il était à l’image d’un pays en voie d’urbanisation, tournant le dos au folklore et aux identités locales, où la conception de la nation était résolument politique. D’où d’ailleurs un antiracisme à l’ancienne, plutôt color blind, à une époque où nul ne s’interroge sur le fait que son public est blanc. […]

Après sa mort les hommages sont venus de partout. Comment expliquez-vous qu’il transcende à ce point les clivages politiques ?

Au lendemain de la mort de Johnny Hallyday, les termes utilisés étaient largement comparables sur François Desouche et sur l’Humanité. De même en Italie, il ne faisait pas bon, jadis, parlar male di Garibaldi. Ce qui ne signifie pas que le slogan «Je suis Johnny» recueille l’unanimité. […]

Le Figaro

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