Extraits de l’éditorial du Monde du 16 décembre 2017.
Le gouvernement applique une politique de fermeté vis-à-vis des migrants qui tranche avec le discours humaniste d’Emmanuel Macron pendant sa campagne électorale.
Quand la brutalité semble l’emporter sur l’humanité, c’est aussi l’honneur de la France qui est en jeu.
Lundi 18 décembre aura lieu la Journée internationale des migrants. En France, elle sera l’occasion pour 470 mouvements locaux et nationaux, comme le réclame Amnesty International, de « remettre au cœur des choix du gouvernement le respect des droits des migrants et des réfugiés, quel que soit leur statut, comme l’exigent les textes internationaux de protection des droits humains ».
Pendant sa campagne électorale, Emmanuel Macron avait développé un discours à la fois humaniste et pragmatique. Se référant à ce qu’avait fait Angela Merkel, dans un premier temps, en Allemagne, il mettait en avant l’« honneur de la France à accueillir les réfugiés ». Une fois élu, le président de la République s’était engagé à ce que, à la fin de l’année, plus personne ne dorme « dans les rues, dans les bois ». Les paroles s’envolent. Restent les actes qui disent chaque jour le contraire.
Sur le terrain, c’est une politique migratoire très dure qui est en application. Dans une circulaire en date du 20 novembre, Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur, affiche une volonté d’expulser massivement les déboutés du droit d’asile. A Calais (Pas-de-Calais), la police n’hésite pas, dans la froidure de l’hiver, à jeter les couvertures des 700 exilés et à détruire les abris de fortune. […]
L’expulsion prend le pas sur l’accueil, quitte à ternir l’image de la France. […]