Les autorités d’Helsinki ont refusé à une fondation musulmane la permission d’obtenir un terrain pour une grande mosquée dans la ville, exprimant leur inquiétude quant au financement du projet (qui aurait été fourni par le Royaume du Golfe de Bahreïn).
Le Centre Oasis, qui devait être situé dans une ancienne zone industrielle, aurait abrité 1 200 fidèles, ainsi qu’un jardin à thème mauresque, des installations sportives et un centre communautaire ouvert au public. Mais la Division de l’Environnement Urbain de la Ville d’Helsinki a voté mardi à l’unanimité pour rejeter la proposition, refusant l’autorisation de réserver la parcelle de terrain de la région de Hanasaari pour le complexe.
La principale raison du refus de la ville est l’origine des fonds pour le projet, qui avait été promis par la famille royale bahreïnienne.
La portée du projet examiné, et les questions en suspens et incertitudes qui l’entourent (à savoir l’origine du financement et leurs effets possibles) ne constituent pas une base viable pour la mise en œuvre de la proposition “, a déclaré l’UED dans une déclaration citée par le Helsinki Times.
Bien que les autorités finlandaises ne se soient pas opposées sur le principe de la mosquée, l’annonce qu’elle serait construite avec de l’argent bahreïnien a suscité l’inquiétude de certains responsables, dont Tarja Mankkinen, directrice du programme de lutte contre la radicalisation du ministère de l’Intérieur, et le maire d’Helsinki, Jan Vapaavuori. Bahreïn, un royaume majoritairement chiite dans le golfe Persique, est gouverné par une famille royale sunnite qui entretient des liens étroits avec les autres pays du Golfe et l’Arabie saoudite, qui suivent une version stricte de l’islam sunnite. Les brutales mesures de répression prises par Bahreïn contre les manifestants chiites et les dissidents ont provoqué des critiques sévères de la part des groupes de défense des droits de l’homme.
“Le rôle des acteurs finançant la mosquée et ses activités pourrait constituer un risque[de sécurité] si cela diminue le sentiment d’appartenance à la société finlandaise au sein de la population musulmane”, a déclaré Mankkinen au Middle East Eye en mai dernier.
“Je me réjouis que nous soyons parvenus à bloquer à l’unanimité le projet de la “Grande Mosquée”. Ensemble, nous avons montré qu’Helsinki n’est pas anti-islamique ou contre les musulmans, et dans le même temps que la ville ne fait pas non plus dans l’angélisme”, a écrit Atte Kaleva, un homme politique local, sur Facebook après le vote.
Comme ailleurs en Europe ces dernières années, la radicalisation et l’extrémisme sont devenus de plus en plus préoccupants. Plus tôt cette année, deux femmes ont été poignardées à mort à Turku, dans ce qui est considéré comme la première attaque terroriste sur le sol finlandais. La Finlande, un pays par ailleurs sûr, a produit un pourcentage plus élevé de combattants étrangers pour l’État islamique (IS, anciennement ISIS) par habitant que n’importe où ailleurs dans le monde.
Les mêmes interrogations ont été portées par des membres de la communauté chiite de Finlande.
Pia Jardi, présidente de l’Union musulmane finlandaise et directrice du projet de la Fondation Oasis, a dénié que la mosquée pourrait propager une idéologie extrémiste et a juré de poursuivre le projet, quitte à construire le site ailleurs.
“Si Helsinki n’en a pas la volonté, pourquoi devrions-nous l’aider dans ce type de projet?”, a-t-elle déclaré jeudi au Helsingin Sanomat.