«Non à l’extrême droite, non aux fachos dans nos quartiers!», scande une trentaine de manifestants devant l’immeuble qui accueille le QG des Patriotes de Florian Philippot. «Ça tombe bien, nous ne sommes ni fachos, ni d’extrême droite», marmonne une membre de l’équipe remontée contre ces opposants, derrière une des fenêtres de l’appartement. Même en communiquant l’adresse aux journalistes à la dernière minute pour l’inauguration du local lundi, l’ex-numéro 2 n’aura pu empêcher quelques manifestants. Et pour cause: en choisissant Saint-Ouen (93) pour installer son mouvement, l’ex-numéro 2 du FN savait arriver en terrain miné. À la dernière présidentielle, Marine Le Pen n’y a même pas franchi la barre des 10% (9,42% des suffrages) qui est, par tradition, très hostile aux idées frontistes. «Les puces représentent le brassage de l’immigration, c’est le monde entier qui est réuni là. Ce quartier est donc en contradiction totale avec les idées de Florian Philippot», s’étonne le président de l’Union syndicale du marché aux puces, Majdi Jeljeli.
Conscient que ce choix de quartier peut surprendre, l’ancien bras droit de Marine Le Pen justifie: «C’est un lieu populaire, un lieu de contraste, c’est la France!», affirme-t-il. «Les puces de Saint-Ouen sont un lieu du savoir-faire français, du patrimoine, ce qui n’est pas pour nous déplaire», lance le fondateur des Patriotes. «Cela nous permet d’être proches des Français. Quand on veut faire de la politique, je pense qu’il vaut mieux être dans un quartier populaire que dans un quartier dans le XVIè», estime de son côté la députée européenne et proche de Florian Philippot, Sophie Montel.
Même s’il sent pour l’instant encore la peinture fraîche, l’appartement d’environ 100 m² a vocation à rapidement se transformer en «grande maison des Patriotes». D’ailleurs, Florian Philippot prévient: mis à part son bureau, personne n’aura de lieu déterminé. «C’est un espace commun et collaboratif de travail. Chacun branchera son ordinateur où il le souhaitera et ce sera très bien comme ça», se réjouit le président du mouvement. «Ce sera un fonctionnement complètement différent du Front national, ce parti d’extrême droite», raille de son côté Franck de Lapersonne, le comédien proche de Florian Philippot. Engagé derrière Marine Le Pen pour la présidentielle, l’acteur évoque désormais «la plus grosse bourde de toute sa vie». (…)