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Le profil de ceux qui prennent la mer, direction l’Espagne, a changé : ce sont de plus en plus des travailleurs et des jeunes issus de la classe moyenne. Kristel, 3 000 habitants, n’est qu’à une vingtaine de kilomètres d’Oran, est l’un des principaux points de départ des harragas (« ceux qui brûlent les frontières ») de la région

Le profil de ceux qui partent a évolué. « Ils ont un travail, résume l’avocat. Ils sont coiffeurs, menuisiers, vendeurs de poissons… Beaucoup sont diplômés. Souvent, ils se disent que là-bas ils auront une chance de s’en sortir mieux. »

Taoufik Rouabhi est parti à la fin des années 1990 en Europe. Aujourd’hui, il est travailleur social dans une ville du sud-ouest de la France et s’occupe d’accueillir les harragas qui viennent d’arriver.

A l’horizon, le ciel est noir. L’orage de la veille s’éloigne. Dans le petit port, des pêcheurs réparent les filets. « Des jeunes qui partent ? Il y en a plein, dit en plaisantant un homme coiffé d’un bonnet en laine. Ils cachent leur matériel dans le port et viennent le chercher au dernier moment. » Kristel, 3 000 habitants, n’est qu’à une vingtaine de kilomètres d’Oran. En 2017, le nombre d’Algériens arrêtés par l’armée alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Europe par la mer a été multiplié par trois par rapport à 2016, pour frôler le seuil de 5000 personnes. […]

Dans le quartier Saint-Pierre, dans le centre historique d’Oran, de nombreux jeunes sont partis par bateau cette année. Farida, qui ne veut pas donner son nom, a un camarade de classe qui a été arrêté alors qu’il prenait la mer. […] Farida explique : «Les conditions économiques provoquent beaucoup de désespoir dans le quartier. Malgré des études, presque personne n’a de CDI en sortant de l’université. On sait aussi qu’on ne pourra pas vraiment faire évoluer notre situation sociale dans le pays, même si on travaille. Et enfin, on a envie d’aller voir le monde, mais les visas, c’est un truc de classe.» […]

Le Monde

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