Les autorités ont fermé la mosquée As-Sounna, dont le leader, l’imam Abdelhadi Doudi, prononçait des prêches qui mêlaient djihad armé et loi du talion. À en croire les connaisseurs de la situation marseillaise, l’influence de cet imam s’étendrait bien au-delà de ses fidèles.
[…] La mosquée As-Sounna, fondée à la fin des années 1990, a plutôt fière allure : une plaque élégante, un vaste local (on parle de 400 mètres carrés) où il est précisé que l’école coranique accueille les enfants à partir de 5 ans. Les alentours sont nettement moins rutilants. En plein IIIe arrondissement, le boulevard National se trouve à un petit quart d’heure en voiture du Vieux-Port. Mais le secteur passe pour l’un des plus pauvres de la ville. Aux pieds des piliers de l’autoroute du Soleil, les immeubles sont souvent défraîchis. Dans les rues, le voile est fréquent chez les femmes et les jeunes filles. Aux abords de la mosquée, un fidèle se plaint de la fermeture du lieu de culte : «Nous devons nous disperser dans les autres mosquées. Si l’État soupçonnait l’imam (Abdelhadi Doudi), il aurait pu enquêter sur lui, mais pas fermer les lieux, c’est une attaque contre les musulmans ! Si un prêtre est accusé de pédophilie, on ne ferme pas son église !»«En tout cas, ajoute-t-il,je n’ai jamais entendu l’imam appeler à la haine ou au djihad armé.»La Préfecture de police n’est pas de cet avis. Son arrêté repose sur un document de quelque 45 pages, portant sur la période 2012-2017. Seraient notamment visés une vingtaine de prêches en arabe et une douzaine de textes de l’imam et d’autres salafistes. Le constat est sans appel : légitimation du djihad armé, de la mise à mort des adultères et apostats, de la loi du talion, appel à la défaite et à la destruction des mécréants, juifs « impurs, frères des singes et des porcs »… […]
À en croire les connaisseurs de la situation marseillaise, l’influence de l’imam ne se limiterait pas à ses adeptes. Ces prêches, précise la préfecture, « conduisent les habitants du quartier à un repli communautaire et constituent le terreau d’actions violentes : ce phénomène est particulièrement constaté dans les établissements scolaires du quartier dans lesquels sont relayés les messages de haine et de discrimination tenus dans la mosquée, et de nombreux élèves ont cru bon de légitimer l’attentat de Charlie Hebdo et ont refusé d’observer les cérémonies de minutes de silence organisées ». […]
Merci à valdorf