Anne Rodier, journaliste au Monde, présente le dernier essai de Denis Maillard, «Quand la religion s’invite dans l’entreprise. Malaise dans le travail » qui retrace l’évolution de la place prise par la “religion” en entreprise en France depuis les années 1980.
Un chauffeur manutentionnaire refuse, au nom de sa religion, de transporter de l’alcool. Un conducteur de bus n’accepte pas de toucher le volant si c’est une femme qui l’a précédé. Un autre ne veut pas leur serrer la main. Une aide à domicile met un point d’honneur à ne pas acheter la tranche de jambon pour la vieille dame dont elle s’occupe.(Présentation de l’éditeur )
L’enjeu n’est plus à démontrer. En 2016, deux tiers des manageurs se disaient confrontés à la manifestation de la croyance religieuse et le nombre de cas conflictuels avait été multiplié par trois en deux ans, indique l’auteur. Et pas seulement à cause des attaques terroristes, même si elles « ont marqué un tournant dans l’appréhension du fait religieux au travail ». Alors que, « pour 82 % des Français (…), la religion représente une affaire strictement privée et personnelle », les entreprises doivent en tenir compte.
Face à des salariés fatigués durant le ramadan, à ceux qui refusent de serrer la main d’une collègue ou de livrer des caisses contenant de l’alcool, Denis Maillard raconte les solutions apportées par les manageurs. Premier réflexe : interdire ou obliger ; deuxième : trouver un accommodement raisonnable entre la demande individuelle et les besoins de l’entreprise. Mais le résultat n’est pas satisfaisant quand il se fait aux dépens du collectif de travail. […]