Le sol boueux et gorgé d’humidité et le vent renforcent l’impression de froid. En ce début de matinée de vendredi dans le bois de Vincennes (XIIe), la température dépasse à peine le zéro. Soit 2 ou 3° de moins que dans Paris intra-muros ! C’est pourtant là que Cyril, Tony… et plusieurs dizaines d’autres sans-abri ont fini par poser leur tente.
«Mais ici, ils ont un semblant d’autonomie qu’ils n’auraient pas en centre d’hébergement d’urgence», explique Houda Benlaïba, chef de service d’Emmaüs-solidarité qui organise cinq maraudes hebdomadaires dans le bois. « Ils ont tous des histoires différentes mais un point commun : ils sont arrivés là après un parcours d’errance dans la ville et la perte de tout espoir d’obtenir un hébergement adapté à leur situation.» Les personnes rencontrées lors de la maraude le confirment. Témoignages.
Cyril, 46 ans. Pas besoin d’aller bien loin du local Emmaüs (presque en face du prestigieux château de Vincennes) pour trouver le premier « habitant » du bois. Cyril, cuisinier en recherche d’emploi, sort de la tente-bulle qu’il pose tous les soirs (et replie tous les matins) au pied d’une résidence vincennoise. « Je dors ici depuis 4 ans», raconte le quadragénaire en situation d’errance depuis plus de 15 ans. […]
«La semaine dernière, nous avons recensé 139 personnes», explique Aurélie El Hassak-Mazorati, directrice adjointe d’Emmaüs-solidarité. «Il s’agit essentiellement d’hommes, mais il y a aussi deux femmes isolées et quelques couple», note la responsable en soulignant que ce chiffre est en hausse de 40 % par rapport à l’hiver dernier. […]