«Libération» s’est rendu avec des stagiaires de troisième dans un centre d’aide aux démunis. “L’occasion de découvrir une double réalité : celle de l’exclusion mais aussi celle de l’entraide”.
Le 20 décembre était organisé au local du Secours catholique du XIe arrondissement de Paris un goûter de Noël avec des personnes démunies. Ça tombait pile la semaine pendant laquelle une quinzaine de collégiens de troisième effectuaient un stage d’observation à Libération.
«Une légère odeur d’oranges et de crêpes flotte dans l’air. Dans la pièce, l’ambiance est chaleureuse et fraternelle. On croise des migrants ou des sans-abri, souvent seuls, désocialisés hors des murs. Panini est l’un d’eux. Il a migré du Sri Lanka en 1992, a connu la rue en France pendant douze ans. […]»
«[…] Derrière son piano, Henri Nativel, un bénévole, chante sa chanson, “les Migrants”. Cela commence ainsi : “ils quittent leur pays, leur famille, leurs amis, dans l’angoisse et la peur, dans la mort et les pleurs”. Au fond de la salle, une femme fond en larmes. Elle est algérienne. Sa fille, un peu paniquée, cherche à la réconforter.» […]
«Elle n’est pas la seule à pleurer. Beaucoup ici sont émus. Johnny est un migrant originaire d’Algérie. Il raconte que le centre est le seul endroit en France où on l’a accepté et écouté tel qu’il est. Lui aussi a les larmes aux yeux. Il dit qu’il ne voit plus sa famille, que ça lui donne beaucoup de tristesse.»
«Il y a cette femme originaire de Mayotte. Elle est en France depuis quatre ans. Quand elle est arrivée en France, elle était sans domicile fixe, dormait dehors avec ses enfants. Pleurait souvent, dans le froid. En novembre, elle a poussé la porte du Secours catholique. La présidente de l’association l’a tout de suite prise en charge, l’a présentée à tout le monde. Aujourd’hui, elle a retrouvé une situation stable. Elle a des papiers et un travail. Ses enfants sont désormais scolarisés. Malgré cela, elle continue de venir au centre, pour rendre visite aux membres de l’équipe.»