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Depuis 1960, les Kényans et les Éthiopiens dominent les courses de fond et de demi-fond. Ces athlètes ont-ils des avantages naturels?

Depuis les JO de Rome en 1960, année de la première victoire sur marathon d’un Noir africain (l’Éthiopien aux pieds nus Abebe Bikila), Kényans et Éthiopiens squattent les podiums des courses de fond et de demi-fond.

Lorsqu’ils débarquent sur le Vieux-Continent, ils ne laissent que des miettes à leurs concurrents européens. Leur domination a donné lieu à de nombreuses études. Ces coureurs ont-ils réellement des avantages naturels et, si oui, lesquels? Julien Wanders, surnommé le «Kényan blanc», prouve-t-il que les coureurs de type caucasien sont tout aussi performants si on adopte le mode de vie et l’entraînement des ténors africains?

Deux spécialistes, Grégoire Millet, professeur de physiologie et spécialiste de la performance à l’Université de Lausanne, et Louis Heyer, coach longue distance de Swiss Athletics, nous éclairent.

LES VALEURS ANTHROPOMÉTRIQUES: LA TRIBU DES KALENJIN A UN ATOUT
Grégoire Millet: «La performance peut être décryptée en trois critères: la consommation maximale d’oxygène (VO2max), la capacité à maintenir un niveau de VO2max, et le rendement (puissance/ VO2). C’est seulement sur ce dernier critère que les Africains de l’Est ont un net avantage. Ils possèdent des valeurs anthropométriques qui leur permettent d’avoir un «coût énergétique» très bas. Le rapport jambe/tronc est élevé. Ils ont un mollet fusiforme et plus léger (jusqu’à 400 grammes de moins par mollet), et un tendon d’Achille plus long, ce qui leur permet de stocker de l’énergie pour la produire au moment de l’impulsion.»

On appelle ce mouvement «stretch shortening cycle». Le mouvement répété de la foulée est beaucoup plus aisé. «Les athlètes qui ont ces caractéristiques viennent génétiquement de la même tribu, les Kalenjin, un groupe ethnique originaire de la vallée du Rift, à l’ouest du Kenya.» Les gènes des Kalenjin se sont retrouvés, à la suite des colonisations, des guerres et des exodes, dans de nombreux pays voisins, l’Éthiopie, l’Ouganda, ou l’Érythrée. Et ainsi dans les jambes de nombreux athlètes.

UN FAIBLE TAUX DE MASSE GRAISSEURS: ILS ÉVACUENT PLUS DE CHALEUR
Grégoire Millet avance un autre avantage: «La masse grasse des coureurs estafricains est très faible et, de par leur petite taille et leur maigreur, leur surface corporelle est proportionnellement plus grande. Ces athlètes sont donc capables d’évacuer plus de chaleur qu’un athlète grand et athlétique.» Louis Heyer confirme que cet aspect est un facteurclé. De surcroît, ces sportifs ont une alimentation simple, équilibrée. Ils ne font pas d’excès et n’ont pas de problème d’obésité.

LES FACTEURS SOCIOCULTURELS: C’EST UN MOYEN DE RÉUSSIR SA VIE
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