Traduction synthétique des travaux d’Ines laufer sur l’Allemagne par un blogueur qui en profite pour rajouter des données sur la France et la Suède.
Ça va faire 3 fois en – d'une semaine que, en référence au scandale de Cologne, je tombe sur un mec qui m'explique sur un ton condescendant que l'idée que les immigrés/réfugiés ont un taux de criminalité + important que les Allemands est un mythe d'extrême-droite. (thread)
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
J'ai déjà fait un thread en anglais sur le sujet il y a quelques mois, mais comme j'en ai plein le cul de m'entendre dire que c'est moi qui suis victime de désinformation, j'ai décidé d'en pondre un autre en français.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Je commence avec les chiffres de l'Allemagne, puisque depuis la décision de Merkel d'ouvrir les portes en 2015, c'est le pays qui focalise toutes les attentions.Il se trouve que le Ministère de l'Intérieur allemand collecte des données sur les suspects par nationalité/statut.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Je me base sur le travail de Ines Laufer et vous pouvez trouver les sources dans ce billet sur mon blog, ainsi que des détails sur les calculs dans les commentaires. https://t.co/GxXV2XdVSP
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
D'après les données du Ministère de l'intérieur allemand, les étrangers ont un taux de criminalité ~3,5 fois supérieur à celui des Allemands. Pour les réfugiés, le ratio est de ~7,3. pic.twitter.com/HWLJX44MW6
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Avant que quelqu'un ne soulève ce point, je précise que ça exclut les violations du droit des étrangers, donc la comparaison avec les Allemands est parfaitement valide.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Dans le cas des crimes violents, c'est encore pire. Pour ce type de crimes, le taux de criminalité des étrangers est ~5 fois plus élevé que celui des Allemands, tandis que celui des réfugiés est ~15,1 fois plus élevé. pic.twitter.com/4rbRDrEfHk
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Dans le cas des agressions sexuelles et des viols, le ratio est de ~5,2 pour les étrangers et ~15,2 pour les réfugiés. Autant dire que, pour ce qui est de la culture du viol, les Allemands ont encore beaucoup à apprendre des nouveaux arrivants ! pic.twitter.com/avTxn2qDo9
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
On constate la même chose pour la plupart des autres types de crimes. pic.twitter.com/PYmL91ILuS
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Les étrangers sont soupçonnés de meurtre ~4,8 fois plus souvent que les Allemands, tandis que pour les réfugiés le ratio est d'environ 10,6. Dans le cas des viols en réunion, le ratio est de ~10,3 pour les étrangers et ~42,7 pour les réfugiés !
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Heureusement que c'est un fantasme d'extrême-droite, parce que qu'est-ce ça serait autrement… Certes, dans le cas de ces crimes, le taux de base est si faible qu'il est facile d'arriver à des ratios très importants, mais c'est tout de même impressionnant.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
D'autre part, ces chiffres viennent de la police et concernent les gens soupçonnés d'un crime, donc il est possible qu'ils soient biaisés. Peut-être que les gens ont plus tendance à porter plainte quand un crime est commis par un étranger et/ou que la police a plus tendance à
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
enquêter sur ce genre de gens, mais 1) ça n'a rien d'évident et il pourrait même y avoir un biais dans l'autre sens à cause de la peur du racisme (je vous renvoie à ce qui s'est passé à Rotherham en Angleterre, un autre "fantasme" d'extrême-droite, si vous croyez que c'est
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
impossible) et 2) les disparités sont bien trop importantes pour être uniquement le fruit de ce genre de biais. D'ailleurs, si ces chiffres étaient principalement le résultat d'un biais de la police allemande, on devrait s'attendre à ce que la disproportion soit plus importante
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
pour les crimes moins sérieux, car pour les crimes graves les policiers sont moins libres de donner libre cours à leurs biais. Or il se trouve que c'est précisément l'inverse qu'on observe : les disparités sont d'autant plus importantes que le crime est grave !
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
L'Allemagne n'est pas un cas unique : on constate la même chose partout en Europe. Voici par exemple un rapport de 2005 sur les personnes soupçonnées de crimes par la police suédoise : https://t.co/XKlrbbxeO4.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Je traduis le tableau qui nous intéresse avec Google Translate. On voit que les étrangers d'une façon générale et notamment ceux qui viennent d'Afrique du Nord, d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient sont largement surreprésentés. pic.twitter.com/D2f39nOOyE
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Il est aussi intéressant de constater que, même chez les natifs, ceux dont les parents sont étrangers sont surreprésentés.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Les chiffres datent de 2005 parce que, depuis cette date, le gouvernement suédois a, dans sa grande sagesse, décidé de ne plus les publier, histoire de ne pas désespérer l'équivalent local de Saint-Germain-des-Prés.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Je suis sûr que, là-bas aussi, ceux qui en disent que les étrangers ont un taux de criminalité beaucoup plus importants que les Suédois ont droit à des leçons de doctes crétins qui leur expliquent qu'ils sont victimes de propagande d'extrême-droite !
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Et la France, me direz vous ? Eh bien c'est la même chose ! L'administration pénitentiaire collecte des données sur la nationalité des détenus (https://t.co/x9aqHSnH50), qu'on peut croiser avec les chiffres de l'INSEE sur la population pour calculer les taux d'incarcération par
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
nationalité (https://t.co/dKlFMLmqsN). Je travaille en ce moment sur un billet sur cette question pour mon blog, que je n'ai pas encore fini parce que l'administration française, dans son souci permanent de transparence, rechigne à me donner certaines données dont j'ai besoin.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Mais les données disponibles aux liens que j'ai indiqués ci-dessus suffisent à calculer les taux d'incarcération par nationalité. Étant un horrible fasciste, c'est donc ce que j'ai fait. Voici d'abord une comparaison du taux d'incarcération des Français avec celui des étrangers. pic.twitter.com/wSSku1LtQp
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Mais il est encore plus intéressant de décomposer ça par pays/région d'origine, ce que les données de l'administration pénitentiaire permettent. Le graphique ci-dessous montre ce que ça donne. pic.twitter.com/4EN8S9xy2p
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
C'est fou comme les données officielles ont tendance à confirmer les fantasmes d'extrême-droite ! C'est sans doute l'effet du "racisme d'État" dont on nous rebat les oreilles…
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Tout de même, si j'avais l'esprit mal tourné (ce qu'à Dieu ne plaise), j'en viendrais presque à penser que, s’il y a des cons dans cette histoire, ce sont plutôt les gens qui parlent de propagande d'extrême-droite sur la criminalité des immigrés.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
J’ajoute que, évidemment, une partie de ces disparités s’expliquent par des différences socio-économiques entre Français et immigrés, mais 1) ces différences n’expliquent pas tout (j’y reviendrai sur mon blog) et 2) si vous êtes victime d’un
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
viol ou d’une agression, savoir que le mec qui vous a violé/agressé est pauvre ne change rien au fait qu’il vous a violé/agressé. Bref, si ce thread pouvait éviter que des imbéciles condescendants viennent régulièrement m’expliquer que je ne suis
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
qu’un pauvre con qui est victime de la propagande d’extrême-droite, ce serait déjà bien. Je veux bien qu’on soit en désaccord avec moi sur l’immigration, mais qu’on commence par reconnaître les faits et qu'on arrête de me prendre pour un con. pic.twitter.com/6IgXVAqJoQ
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
ADDENDUM : Par un heureux hasard, une étude vient de paraître sur l'effet de l'arrivée des migrants sur la criminalité en Basse-Saxe (https://t.co/u17S67iUAG), qui confirme les conclusions qu'on peut tirer des chiffres sur les suspects dont je parle plus haut. pic.twitter.com/iI4gwEzdyE
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
ADDENDUM BIS : Je l'ai déjà dit, mais je le répète, il est évident que les différences de structure par âge, de statut socio-économique, etc. jouent un rôle important, mais 1) ça n'explique pas tout (dans le cas de la France, Hugues Lagrange avait montré ça pour la délinquance)
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
et 2) ne change rien à l'effet sur la criminalité (sans l'immigration elle serait moins importante).
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Si je me souviens bien, il explique ça par des différences culturelles, notamment au niveau des structures familiales chez les personnes originaires de la région du Sahel.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
Pendant que j'y suis, j'ajoute que les données de l'Enquête trajectoires et origines de l'Ined et de l'Enquête emploi de l'INSEE (qui a des variables sur le pays de naissance des parents) montrent que des différences socio-économiques importantes persistent même chez les
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
descendants d'immigrés. Par conséquent, *même si leur taux de criminalité était identique à celui des autres natifs à niveau socio-économique égal*, les descendants d'immigrés auraient quand même en moyenne un taux de criminalité plus important, ce qui est important parce que
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018
l'effet de l'immigration sur la criminalité ne se limite pas à celui des immigrés mais comprend aussi celui de leurs descendants qui sont nés en France.
— Philippe Lemoine (@phl43) 3 janvier 2018