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A un moment, on s’est demandé si Hugo Clément n’avait pas tué quelqu’un. Rarement, on a vu autant de gens se précipiter pour nous raconter les pires histoires sur un individu tandis que ses amis supposés dans le milieu refusaient poliment de répondre à toutes questions. A tel point qu’on a presque fini par avoir pitié, s’imaginant à sa place, lâché ainsi en rase campagne. Après tout, Hugo Clément est seulement un journaliste de 28 ans qui fait de la télé et des vidéos sur le Web : c’est grave, mais pas impardonnable. Début décembre, le jeune homme travaillait encore pour Quotidien de Yann Barthès, l’émission phare d’actu-LOL de TMC. Après un passage par France 2, il se fait très vite remarquer pour son impertinence et sa ténacité, cherchant la petite bête lors des élections, dénonçant les connivences politico-médiatiques et les arrangements des candidats avec la réalité. A Bangumi, la boîte de prod, on apprécie ce «chien ramenant toujours des infos, talentueux, intelligent même si pas cultivé». Mais sa propension à croire qu’il réinvente le journalisme, à s’indigner tous les quatre matins en ligne et à donner des leçons en tartuffe moraliste en agace vite plus d’un.

En somme, ce serait un beau reporter efficace sur le terrain mais pas très structuré, comme la télé en produit des centaines, de ceux qui succombent à l’hubris des réseaux sociaux. Hugo Clément est désormais à Konbini, site populaire chez les 18-25 ans, plus connu pour ses courts articles sur les séries et ses vidéos pop sponsorisées par des marques comme Coca-Cola que pour ses longues enquêtes. Une prise de risque en faveur d’un média web, qui interroge et laisse fantasmer le basculement définitif de la hype sur Internet.

Lui, en tee-shirt chemise, balaie tout ça d’un revers de main : «Quotidien était une machine qui roulait toute seule. J’avais seulement envie d’un nouveau challenge, de trouver un partenaire, bourré de créatifs, qui me donne carte blanche pour construire un nouveau format.» Dans les locaux chaleureux et surpeuplés de Konbini, situés près du canal Saint-Martin à l’image de toute jeune boîte cool qui se respecte, Hugo Clément, devant sa salade livrée par Deliveroo, s’enthousiasme : «Si tu regardes la moyenne d’âge, je suis déjà un vieux et le seul qui vient de la télé. Ici, c’est une autre culture. C’est beaucoup moins rigide.»

(…) Etudiants, ils forment déjà un duo populaire. Imbus d’eux-mêmes au point de se transformer en terreurs du quartier, diront d’autres. L’engagée rédactrice en cheffe du Bondy Blog, Nassira El Moaddem, qui était dans leur promo, a raconté récemment un mauvais canular téléphonique qu’elle avait subi et le surnom, «raciste», dit-elle, que leur groupe lui avait donné : «Saddam». «Je trouve ça hypocrite de se faire passer pour un modèle de Tintin reporter progressiste, pour le champion antiraciste de la défense des opprimés alors que ce n’est pas du tout le genre de personne que j’ai connu, raconte-t-elle. C’est marrant comment on peut s’inventer une image, surtout quand on est érigé en star montante !» Hugo Clément fait la moue devant cette histoire, refuse d’en parler, juge que Nassira El Moaddem veut seulement profiter de sa notoriété. «Je suis assez clanique et je ne suis pas dupe de certaines relations pros qui peuvent disparaître dès qu’il y a une merde !» lance-t-il. (…)

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