Pourquoi les Français sont-ils si malheureux? Nous sommes fiers de notre culture et notre économie s’est mieux portée que la plupart des économies d’autres pays pendant la crise. Pourtant, toutes les études confirment qu’il semble y avoir quelque chose de la vie en France qui rend les gens plus anxieux et moins joyeux que dans d’autres endroits.
Chaque fois que je regarde les données sur les niveaux de bonheur dans plusieurs pays, je suis toujours frappé par le degré de contentement qui diffère entre les pays. Le malaise français apparaît quand on demande aux gens d’évaluer leur sentiment de bien-être sur une échelle allant de zéro à 10. Ce type d’enquête, similaire à la technique avec laquelle les médecins demandent aux patients d’évaluer leur douleur, est une discipline en vogue testée par les chercheurs.
Lorsque les Français sont interrogés sur les émotions qu’ils ont ressenties hier. Ils ressentent beaucoup d’émotions négatives (colère, inquiétude, stress) et peu d’émotions positives (plaisir, bonheur). Et les enquêtes remontant jusqu’en 2002 montrent un profond pessimisme chez les Français. Bien avant la crise actuelle, ils ont convenu plus souvent que les autres Européens que «pour la plupart des gens dans le pays, la vie se détériore» ou qu’il «est difficile d’avoir de l’espoir pour l’avenir du monde». Si cela ne suffisait pas, mes compatriotes consomment également des volumes stupéfiants de drogues ou d’anti-dépresseurs.
Ce malheur semble aller au-delà de la simple vie quotidienne en France – c’est être français qui rend malheureux. S’il y a quelque chose dans la culture qui encourage le malheur, nous nous attendrions à ce que les Français soient plus malheureux partout où ils vivent. C’est, en effet, ce que nous avons trouvé.
Les Français à l’étranger sont moins heureux que les autres expatriés.
Une explication provisoire est que dans le système scolaire français, tous les enfants sont censés être capables d’atteindre le même niveau de performance, mais la capacité d’obtenir les meilleures notes semble être très difficile, d’où la difficulté plus tard de rentrer dans les meilleures écoles. De toute évidence, ce système ne crée pas la confiance en soi ou l’estime de soi chez les enfants.
Une leçon tirée de la recherche sur le bien-être est que le bonheur des gens dépend de la conformité aux critères qu’ils se sont fixés. Les Français, semble-t-il, se sont fixés des normes élevées. Peut-être qu’ils évaluent leurs vies en pensant à l’idée de la «grandeur» française – l’attente que la France devrait être une superpuissance culturelle. Cela peut rendre la vie stimulante. Mais cela ne nous rend pas heureux. Les Français doivent baisser leurs attentes s’ils veulent que leur moral remonte.
