Depuis un an, c’est dans le centre pénitentiaire de Fleury-Mérogis (Essonne) que les détenus incarcérés pour terrorisme islamiste sont évalués. Avant d’être acheminés vers des centres de détention où ils purgent leurs peines, les détenus condamnés pour terrorisme islamique transitent par un centre chargé de les évaluer pendant quatre mois.
« Ils ont besoin d’avoir des gens très pointus face à eux, confie-t-elle. On a un imam à disposition. »
Elle est la directrice du quartier d’évaluation de la radicalisation (QER) de Fleury-Mérogis. L’un des trois scanners avec ceux d’Osny (Val d’Oise) et Fresnes (Val-de-Marne) par lequel vont passer tous les détenus radicalisés ou condamnés pour terrorisme, avant d’être dirigés ensuite vers les centres pénitentiaires de France. Et, tout en préservant son anonymat, elle est le premier personnel pénitentiaire à travailler en lien avec les djihadistes à accepter de lever le voile sur cette délicate mission qui a débuté voici près d’un an. […]
Ces périodes d’observation-évaluation de la dangerosité des pensionnaires durent quatre mois. A Fleury, 20 places sont disponibles, dans des cellules individuelles et une aile spécifique. «Tout le travail est justement basé sur l’individualisation, raconte-t-elle. Quand ils parlent d’eux, les radicalisés disent «nous », ils parlent de groupe. On doit les ramener au «je », à l’humain. Et quand on y arrive, ils deviennent complètement différents. » […]
Face à ce public dissimulateur, manipulateur ou séducteur, 15 agents, des éducateurs, des psychologues, des membres du service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), un responsable religieux se succèdent au quotidien pour des ateliers, ou des entretiens individuels. «En comparaison, il y a seulement 150 agents pour 800 détenus sur le reste du bâtiment », précise la directrice du QER. Et quasi aucun psychologue disponible dans les autres tripales de Fleury. […]