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Le Rallye Dakar 2018 se tient en Amérique du Sud du 6 au 20 janvier. Paul Ariès revient sur cette opération folle dont les dégâts humains et écologiques sont innombrables.

Les idolâtres du Dakar savent-ils qu’existe un fil rouge entre les premiers circuits coloniaux du XIXe siècle et ce rallye de la honte symbole de tous les conflits ? L’aventurier (sic) au volant de sa voiture, de sa moto ou de son camion sait-il que ses lointains prédécesseurs soutenaient eux aussi « apporter la civilisation » aux barbares ? Aux origines du Dakar se trouvent non seulement le Paris-Dakar mais le Nice-Dakar-Lac Tchad-Congo en motocyclette du début du XXe siècle. Le chroniqueur de La Revue des sports mécaniques ne fait alors pas dans le dentelle : « Je ne suis pas négrophile ! J’aime le bon noir doux et spontané […] Que parmi les noirs, il y ait une élite intellectuelle digne de respect, égale aux blancs, je ne le nie point, mais ce qui nous blesse c’est de voir la généralité de nos “frères noirs” assimilée à nous-mêmes » . Quelques décennies plus tard c’est le raid Brazzaville-Pointe-Noire, toujours vendu comme une « mission » pas encore qualifiée d’humanitaire mais de civilisatrice : « Les indigènes se précipitaient au seuil des cases, regardant curieusement cette caravane pétaradante, des gosses crasseux essaient de courir après nous » . La mission croise bientôt un marabout : « Dieu qu’il est laid ! » mais la moto « crache sa charge meurtrière. Le marabout s’envole. Notre première victime ». (…)

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