Un dénommé Wei Jei T., un Britannique d’origine chinoise de 37 ans, apparaît comme la tête de réseau. Installé à Sèvres en bordure de la forêt de Meudon, l’homme aux goûts de luxe, aimant à collectionner Jaguar, Ferrari et autres 4 x 4, fréquentant restaurants et boutiques de luxe, se faisait passer pour un avocat et travaillait donc avec une assistante. Cette dernière n’était autre que sa compagne.
La combine qui leur a tant rapporté, entre 2012 et jusqu’à leur arrestation à l’automne 2016, est simple.
A leurs compatriotes désireux d’obtenir un titre de séjour, ils fournissent les documents qui permettent la délivrance d’une autorisation de travail émanant de la Direccte. Il s’agit de la direction du travail dont on trouve une antenne départementale dans toutes les préfectures. Pour ce faire, il faut viser les secteurs professionnels dans lesquels la main-d’œuvre manque, comme la restauration, et présenter des bulletins de paie. Rien de plus simple pour Wei Jei et ses complices qui fabriquent de fausses fiches de salaire à l’en-tête de vraies sociétés.
C’est l’ancienne gérante de l’une de ces entreprises, spécialisée dans le service à la personne, qui a donné l’alerte au printemps 2016 après avoir découvert une série d’embauches… fictives. Et, dans son bureau, des fiches pratiques indiquant la marche à suivre face à de nouveaux « clients » à la recherche d’un titre de séjour ou demandant son renouvellement. Le mémo comportait même les numéros de téléphone à composer, dont ceux d’un surnommé Master chief, alias Wei Jei, et de Poulet, qui se révélera être l’un de ses complices.
Ils ont été placés sur écoute, de même que la compagne de Wei Jei. Les conversations ont mis au jour à la fois leur prudence et leur préférence pour les discussions via la messagerie cryptée chinoise WeChat. Mais ils ont suffisamment parlé pour confirmer les soupçons de l’Office central de répression de l’immigration irrégulière et de l’emploi d’étrangers sans titre (Ocriest).
Aux nouveaux clients, la compagne-assistante du faux avocat expliquait que le service rendu exigeait la signature d’un « contrat » à 17.500 €, dont la moitié payable d’avance, le solde après obtention de l’autorisation de travail. Pour le renouvellement d’un titre de séjour d’un an, il en coûterait environ 2.500 €, en espèces ou par virement bancaire. Dès le début de l’enquête, l’Ocriest a démontré l’arnaque pour une cinquantaine d’étrangers, la suite des recherches en a révélé au moins 150.
[…]Treize personnes, dont certains complices dans les sociétés utilisées pour la fabrication de fiches de paie, sont mises en examen. Wei Jei et sa compagne ont été placés plusieurs mois en détention provisoire et attendent maintenant le procès, libres mais sous contrôle judiciaire.Merci à BB92