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On les appelle les blasians ou les hafus. Minoritaires, les métis black et asian – ou afro-japonais – s’affirment de plus en plus au Japon. Aux avant-postes de la lutte pour leur reconnaissance, les femmes montent au créneau et mettent le pays au défi de la diversité.

(…)Mais la plus célèbre blasian du pays est d’origine sénégalo-japonaise. « J’ai toujours été persécutée à l’école à cause de la couleur de ma peau et de mes cheveux crépus, nous explique Marie Nakagawa. Je me sentais en décalage. » Malgré une enfance singulière, elle décide de se battre et entreprend une carrière de mannequin. « J’ai détesté l’idée d’être née noire en tant que Japonaise », dit-elle. Son rêve est de faire de sa différence l’étendard d’un nouveau style. « Je suis une pionnière », aime-t-elle répéter, avouant avoir longtemps vécu sa « différence » comme une menace pour son travail. « Il y a toujours des gens qui croient que je ne pourrais jamais porter leurs vêtements car je suis trop éloignée des standards japonais. C’est encore loin d’être gagné ! »

(…)Ce phénomène récent est encore loin de faire l’unanimité. En 2016, le Japon a adopté une loi contre les discours haineux, posant les bases d’une législation antiraciste. « Nous n’avons jamais été confrontés à une immigration massive […]. C’est un fait inédit. Au Japon, le racisme est le fruit d’une méconnaissance de l’autre », explique Renaud André, président de l’association antiraciste franco-belge Asia 2.0. Avant Ariana Miyamoto, rares étaient les blasians qui prenaient publiquement la parole pour dénoncer les discriminations.

« Pour les Asiatiques, il ne faut surtout pas perdre la face. Or, dénoncer le racisme reviendrait à reconnaître sa faiblesse, ce qui est inacceptable », explique Renaud André. Il considère que les métis et les Asiatiques de la diaspora ont un rôle à jouer : « Je peux en parler car je suis belge et asiatique. Je me moque de “perdre” la face. Et je ne subis pas le poids de ces traditions car j’ai grandi en Belgique ! »

Avec cette nouvelle loi, le Japon répond ainsi aux appels des Nations unies, qui avaient « prié l’Etat japonais d’adopter une législation interdisant la discrimination raciale, à la fois directe et indirecte ». A l’origine, la loi s’adresse davantage aux Coréens qu’aux Noirs japonais. L’arrivée encore discrète des « gaijin » (étrangers) venus d’Afrique devrait contribuer à grossir les rangs des petits blasians dans les années à venir. Pour l’heure, les étrangers au Japon ne représentent que 1,7 % de la population. En 2010, le pays ne comptait que 12.100 ressortissants africains, venus essentiellement du Ghana, du Nigeria et de l’Egypte: une goutte d’eau dans le Pacifique.

Paris Match

Merci à Pauline Seltan

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