La politique d’immigration d’Emmanuel Macron a suscité la colère d’une partie de la gauche. On se souvient notamment de la une du Nouvel Obs avec des barbelés, et ce titre: «Bienvenue au pays des droits de l’homme». De nombreux politiques accusent Macron de mener une politique plus sévère que celle de Nicolas Sarkozy. Est-ce vraiment le cas?
“On ne sait évidemment pas combien d’étrangers sont actuellement en situation irrégulière en France, mais il se trouve donc des gens pour juger leur nombre «incompressible»! Je suppose que ce que l’on entend par là c’est qu’on ne peut rien contre les décisions prises ailleurs de venir en France, et plus largement en Europe. Comme on ne peut (veut?) pas renvoyer ces étrangers, on doit faire avec. C’est une manière de naturaliser l’immigration. Cette dernière serait un phénomène naturel au même titre que les tempêtes qui viennent de toucher le nord de l’Europe. L’immigration est absolument dépolitisée, au vrai sens du terme, et non au sens politicien des prises de bec sur les plateaux de télévision.”
Une enquête à l’Ifop concernant le rapport des Français au «complotisme» (sic) a montré que près de 50 % d’entre eux croient à la théorie du «grand remplacement». Comment expliquez-vous cette perception?
48 % sont d’accord avec l’opinion proposée par l’IFOP selon laquelle l’immigration, «c’est un projet politique de remplacement d’une civilisation par une autre, organisé délibérément par nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques et auquel il convient de mettre fin en renvoyant ces populations d’où elles viennent».
L’idée de grand remplacement lancée par Renaud Camus doit son succès à son pouvoir d’évocation de l’effondrement de l’univers familier ressenti par une partie de la population française, qu’à une vérification empirique convaincante.
Mais je crois que l’idée selon laquelle il y a un projet derrière tout cela provient du fait que les gens n’aiment pas croire que ça pourrait se produire sans avoir été soigneusement planifié. Les gens préfèrent penser qu’un phénomène a toujours une cause bien identifiée. Ça a un côté rassurant parce que cela laisse supposer qu’il suffirait d’une planification différente pour y mettre un terme.