A l’occasion de la Nuit des idées organisée à Montréal par l’Institut français, Christiane Taubira revient sur le mouvement de libération de la parole des femmes. L’ancienne ministre de la Justice milite pour une convergence féministe et antiraciste.
“L’expérience de la minorité aiguise les défenses mais développe aussi la solidarité parce que la survie, quand on est en minorité, dépend de la capacité à faire corps ensemble. Il faut bien saisir la société pour bien la servir. Dans ce contexte, l’expérience de la minorité est enrichissante, elle élève. Les femmes composent aujourd’hui 53 % de la population mondiale, il est temps maintenant que les hommes fassent l’expérience de la minorité, et le premier endroit où ils peuvent et doivent le faire, c’est dans l’exercice du pouvoir.”
“Dans ma vie, j’ai plus souvent été victime de racisme que de sexisme, même si la masculinité sournoise des institutions et des comportements m’a été perceptible en de nombreuses circonstances. Si parfois le mouvement féministe a été affaibli, c’est parce qu’il n’a pas su intégrer d’autres revendications extrêmement fortes et puissantes. Il y a certaines personnes qui souffrent plus du racisme que du sexisme parce que, dans leur situation sociale et économique, le facteur plus fort de rejet est le préjugé racial. Le combat féministe peut entraîner avec lui tous les autres combats car son essence est la revendication qu’aucune différence de traitement n’est acceptable sur la simple base d’une différence physique ou de choix de vie. Si nous nous accordons sur cette valeur de base, alors tous les autres types de discrimination tomberont. C’est pour avoir compartimenté les combats que le mouvement féministe s’est affaibli. Ce qui peut assurer l’efficacité des luttes, c’est la possible convergence de celles-ci”
Merci à Choupa