Livres. Des catholiques s’inquiètent du raidissement identitaire d’une partie de leurs coreligionnaires en France, pris par l’angoisse du déclin, et ils l’écrivent. Depuis les grandes manifestations contre le mariage pour tous, en 2012 et 2013, on a beaucoup scruté la remobilisation des catholiques dans la sphère politique, la place de plus en plus visible d’un catholicisme d’affirmation et la droitisation électorale d’une part importante des pratiquants, que le vote en faveur du Front national ne rebute pas plus, désormais, que la moyenne de l’électorat. Tandis que ce courant prenait alors confiance en sa capacité d’expression – alors même qu’il avait essuyé une défaite sur le terrain législatif –, des groupements politiques ou associatifs se sont structurés, des sites Internet sont apparus pour entretenir la flamme, des initiatives missionnaires se sont multipliées.
Les catholiques de « la droite de Dieu » ont pris conscience qu’ils sont désormais une composante minoritaire d’une société largement déchristianisée
En novembre 2016, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite a témoigné de l’ambition de cette mouvance de demeurer un acteur dans la sphère politique. La situation intenable pour les minorités religieuses, notamment chrétiennes, en Irak puis en Syrie, créée par les conquêtes territoriales de l’organisation Etat islamique à partir de l’été 2014, l’a tenue mobilisée. En revanche, le mouvement des réfugiés qui a suivi l’a déstabilisée, réactivant l’angoisse d’une dissolution du marqueur chrétien dans notre pays.
Trois livres très différents interrogent ce glissement, considéré comme une conséquence du sentiment douloureux d’être de plus en plus étranger au reste de la société. Avec les outils du sondeur, Jérôme Fourquet répertorie les manifestations de cette évolution récente. Pour le directeur du département « opinions » de l’IFOP, ces quelques années ont été, pour ces catholiques de « la droite de Dieu », celles d’une prise de conscience, à savoir qu’ils sont désormais une composante minoritaire d’une société largement déchristianisée, dans un environnement en mutation rapide, marqué par l’implantation de l’islam. (…)