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César 2018 – Un film de Josza Anjembe. Brillante et mordue de politique, Seyna vient d’avoir son bac avec mention, mais contrairement à ses camarades, elle ne pense pas à faire la fête. Ce qui importe pour cette jeune femme camerounaise, c’est d’obtenir la nationalité française. Un projet que son père, Amidou, ne soutient pas. 

Tant pis, elle décide de mener seule son combat. Mais pour obtenir un simple bout de papier, l’adolescente va rencontrer de nombreux obstacles d’ordre protocolaire. Sac sur le dos et justificatifs en mains, l’héroïne nous transporte dans son parcours administratif cahoteux. 

La journaliste et documentariste Josza Anjembe s’essaye pour la première fois à la fiction avec Le Bleu blanc rouge de mes cheveux. Présenté dans une centaine de festivals, son court-métrage est maintenant en lice pour les César. La réalisatrice n’a jamais caché s’être inspirée de son vécu pour écrire ce récit. Comme son héroïne, elle n’a pas pu faire son passeport à cause de sa coupe afro façon Pam Grier dans Foxy Brown, qui ne rentrait pas dans le cadre de l’objectif. 

Cette anecdote devenue matière à fiction questionne ainsi les processus d’obtention de la citoyenneté française, soulignant les règles rigides et désuètes de notre administration qui n’accepte pour normes que les standards (de beauté) eurocentristes. 

Ce court-métrage au titre judicieux est d’autant plus fort que le cheveu crépu est le symbole essentiel de l’afroféminisme. À une époque où les cheveux afro suscitent des controverses dans la mode, Le Bleu blanc rouge de mes cheveux est un coup de maître puisqu’il sensibilise le public à une forme de racisme insidieux. 

Un film aussi grinçant que le bruit d’une tondeuse…

Merci à C’

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