Tariq Ramadan est placé en garde à vue pour « viols et violences ». Le professeur d’Oxford qui fascina une partie de la gauche et de la communauté musulmane françaises est visé par la plainte de deux femmes. L’une d’elles, « Christelle », est venue le confronter dans les locaux de la police judiciaire, jeudi 1er février. MARION VAN RENTERGHEM l’a longuement rencontrée. Nous publions ici une partie de son enquête à paraître dans la prochaine édition de Vanity Fair, en kiosque le 21 février. (…)
Jusqu’ici, elle était restée sans visage. Les médias l’ont affublée d’un pseudonyme qu’elle ne s’est pas choisi, « Christelle ». Le 27 octobre 2017, elle a à son tour porté plainte pour viol, une semaine après Henda Ayari, qu’elle n’a jamais rencontrée. Celui qu’elles accusent n’est pas n’importe qui : un brillant intellectuel suisse, enseignant à Oxford et né dans une famille notable d’Égyptiens immigrés à Genève, un prédicateur en vogue à l’idéologie controversée qui fut l’icône d’une partie de la gauche, de la communauté musulmane et de la galaxie antisystème françaises, pour ne pas dire un maître à penser : Tariq Ramadan. La condamnation qu’il encourt n’est pas seulement judiciaire. L’homme qui harangue les foules depuis plus de trente ans pour prêcher la vertu et l’exemplarité de la pratique islamique apparaît en décalage total avec son magistère religieux, intellectuel et moral. (…)