Le chef de la police de la ville portuaire Frank Paauw projette de verbaliser les délinquants qui paradent dans les rues de la ville. Au risque d’un «profilage ethnique».
Anne Mieke Zwaneveld, médiatrice de la Ville de Rotterdam, est plus circonspecte. Elle estime que cette chasse aux délinquants comporte un risque de «profilage ethnique».
On va les déshabiller dans la rue » : la formule de Frank Paauw résume bien le projet du commissaire en chef de la police de Rotterdam (Pays-Bas).
Il entend, explique-t-il, s’en prendre aux boefjes, les petites frappes qui paradent dans les rues de la ville au volant de voitures un peu trop voyantes, portent des vêtements de luxe et des Rolex dorées. Ou, parfois, ont dans les poches de leur parka Canada Goose quelques milliers d’euros alors qu’ils ne paient pas d’impôts, n’ont pas de travail déclaré ou ont « oublié » de régler des amendes.
Comment vont s’y prendre les agents spécialement formés pour appliquer cette « méthode antifrimeurs », comme l’ont vite baptisée les journalistes ? En interrogeant les jeunes suspects, potentiels dealers de drogue, « lover boys » qui séduisent des jeunes femmes, avant de les contraindre à se prostituer, ou membres des cercles de jeu clandestins.
S’ils ne peuvent pas prouver qu’ils ont acquis leurs biens de manière licite, ceux-ci seront confisqués, en l’attente d’une décision de justice. Et les personnes appréhendées seront peut-être expédiées derrière les barreaux avec une inculpation pour blanchiment d’argent. […]
Jamel, qui travaille au petit magasin du coin et a épargné pour s’acheter sa doudoune matelassée, aura beaucoup plus de (mal) chance de se faire interpeller que Frederik-Jan, qui s’est acheté sa BMW décapotable avec le fruit de ses trafics derrière l’école…
L’avocat pénaliste Paul Vermeijen est, lui aussi, convaincu de l’effet de ce qu’il estime être un « plan funeste ». «Je sais déjà qui sera visé, explique-t-il dans le quotidien Trouw. Ceux qui ont la peau foncée ou le Turc qui roule souvent dans la belle voiture de son patron. » […]
Merci à valdorf