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Il y a deux droites“, a déclaré Valérie Pécresse samedi devant le conseil national des Républicains. “Il n’y a qu’une seule droite“, lui a répondu Wauquiez. Réponse de Gilles Richard, professeur à l’université de Rennes 2.

Ce sont bien ces deux familles politiques qui se sont affrontées au second tour de l’élection présidentielle de 2017, les néolibéraux et les nationalistes.

Cette question permet de distinguer deux niveaux d’analyse. Quand Valérie Pécresse affirme qu’il y a deux droites, elle parle de deux familles politiques que les historiens et les politistes définissent par une culture politique : un certain nombre de croyances, de références, d’aspirations, de rêves…

De son côté, quand Laurent Wauquiez prétend qu’il n’y a qu’une seule droite, il pense au parti politique, bien évidement au sien. Il voudrait que Les Républicains soit le parti de droite. […]

Revenons à la droite. Combien de familles politiques distinguez-vous, et lesquelles ?

Actuellement, il y en a deux principales. Les libéraux, que j’appelle les néo-libéraux, et les nationalistes, ceux que les journalistes et les responsables politiques non nationalistes appellent l’extrême droite.

Les néolibéraux, ce sont ceux qui adhérent totalement aux principes du capitalisme. Un capitalisme engagé depuis plusieurs décennies dans une nouvelle phase, la “mondialisation”, qui s’accompagne de la financiarisation de l’économie et de la révolution numérique. Les néolibéraux voient dans les principes du capitalisme le meilleur cadre possible pour l’épanouissement de l’humanité. Ils s’enthousiasment à l’idée qu’un jour toute l’humanité, grâce au capitalisme mondialisé, pourrait vivre dans le cadre de la société de consommation.

Les nationalistes sont au contraire attentifs aux spécificités socio-culturelles de chaque peuple, constituées dans la longue durée autour d’une langue et de traditions. Ce qui fait que l’entente est bien sûr impossible entre ces deux familles politiques. […]

La transformation du Front national en parti de gouvernement, ce qu’il n’a pas réussi à paraître au cours de la dernière élection présidentielle – mais je rappelle à l’attention de ceux qui prédisent le déclin du FN que cela ne l’a pas empêché d’attirer un tiers des voix au second tour ! C’est probablement là que LR a une carte à jouer. […]

Les élections européennes risquent de mettre rapidement en lumière les désaccords au sein des Républicains…

On rejouera en effet le match du second tour de l’élection présidentielle entre les nationalistes et les “mondialistes”, comme les appelle le Front national. C’est d’ailleurs pour cela qu’Emmanuel Macron veut revenir à un scrutin de listes nationales. Il a tout intérêt à nationaliser le débat. On peut imaginer une liste unique de macronistes avec des candidats LREM, des Modem, des constructifs, des UDI, ce qui serait le prélude à une fusion… à condition de faire un bon score !

Les partis se classent à gauche ou à droite selon la question prioritaire du moment, dites-vous. Quelle est-elle ?

C’est désormais la question nationale qui a pris le dessus. Est-ce que la France demeurera une nation souveraine, ou bien est-ce qu’à terme, elle se fondra dans une entité plus grande, intégrée, l’Union européenne ? Le clivage principal est devenu celui-ci, et c’est pour cela que les gauches ont du mal à se situer et à exister. […]

Le Nouvel Obs

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