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D’autres intervenantes sociales, dans des courriers envoyés à la direction que nous avons pu consulter, témoignent de remarques sexistes récurrentes confinant au harcèlement sexuel, de la part de plusieurs membres de l’équipe. « Tu as de beaux seins, je peux toucher ? », aurait demandé un agent polyvalent à l’une d’entre elles. « Tu veux venir chez moi le soir ? Moi aussi j’habite à Barbès », aurait interrogé un autre. Plus original, l’un des directeurs John M. se vantait régulièrement de maîtriser le « vaudou », devant plusieurs employés. L’homme brandissait ce « savoir » comme une menace. « Une fois, il m’a parlé d’une prière d’incantation que l’on pouvait réaliser si l’on voulait du mal à quelqu’un, en me parlant de Marc », se souvient Jeanne:

Aubervilliers (93) – Le 27 décembre 2017 à 7h30, Ahmadi M. pénètre dans la chambre de Hassanzad P. et lui assène 7 coups de couteaux (link is external). Après avoir accompli son méfait, Ahmadi prend la fuite. Il laisse derrière lui l’arme du crime, enfoncée dans la poitrine d’une seconde victime qui sera admise à l’hôpital. Mais qu’est-il passé par la tête de cet Afghan, hébergé depuis quelque temps déjà dans ce centre d’hébergement ? L’enquête livrera peut-être le fin de mot de l’histoire. Reste le point de départ : Ahmadi et Hassanzad se connaissaient bien. Les deux hommes étaient voisins de chambre dans ce foyer pour migrants à Aubervilliers. Selon des documents internes, que StreetPress a pu consulter, ces tensions étaient récurrentes dans le centre. Plusieurs hébergés avaient déjà alerté la direction sur l’ambiance délétère qui y régnait.

En 2017, le centre d’hébergement d’urgence (Chu) d’Aubervilliers a accueilli 501 migrants. Il est l’un des fleurons du principal bailleur social français, Adoma. Mais depuis plusieurs mois, le navire amiral du descendant de la Sonacotra est à l’agonie. Le 12 octobre 2017, le syndicat Sud avait interrogé la direction d’Adoma sur la situation chaotique de ce centre d’hébergement. Mi-janvier, six intervenants sociaux ont alerté la direction pour dénoncer des dérives : soupçon de harcèlement sexuel et moral, violences contre des hébergés et contre certains personnels, climat de terreur, punitions iniques et incantations vaudou… Le défenseur des droits et l’inspection du travail ont été saisis. Plusieurs plaintes pour violences ont également été déposées. (…)

Les hébergés ne sont pas les seuls à subir les quolibets et les brimades. Depuis septembre, deux intervenants sociaux, Marc et Sophie, ont été agressés physiquement par un agent polyvalent et un ouvrier de maintenance. Le premier a déposé une main courante après avoir été insulté de « sale clochard » et saisi à la gorge. La seconde a porté plainte au commissariat d’Aubervilliers après avoir été agressée violemment à la porte de son bureau.

Sophie, elle aussi, n’avait pas franchement les faveurs de la direction. Son agression se déroule après plusieurs mois de pression de la part de la hiérarchie, note l’inspection du travail. La médecin qui l’a examiné conclut que la jeune femme souffre d’un « symptôme post-traumatique ». Son agresseur, un agent de maintenance, lui a reproché d’avoir écrit dans son cahier de liaison, au stylo rouge. « Dans l’énervement, il m’a pris à la gorge ». La jeune femme a immédiatement signalé l’incident à sa hiérarchie via une plate-forme interne. Pourtant, après son agression, aucune mesure n’a été prise pour que Sophie ne croise pas son agresseur dans les couloirs. Pire, la direction minimise. « Ils me prennent pour une folle », se lamente la jeune femme.  (…)

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