Dans une tribune au « Monde », l’écrivain Jacques Attali, né à Alger, et la députée LRM Bénédicte Peyrol proposent dix actions pour accueillir dignement les réfugiés.
L’accueil des exilés, qu’il faut bien distinguer des autres enjeux liés à l’immigration, mérite mieux que l’image qu’on en donne d’une simple gestion policière et de ses bavures, mieux que les invectives, les fantasmes et les jeux de rôles. Plus précisément, la politique de la France ne peut se résumer à la poursuite d’adolescents abandonnés dans les rues de nos villes, par des policiers qui auraient bien mieux à faire et dont l’image ne peut qu’être dégradée par la mission qu’on leur donne ainsi à remplir.
D’abord, il doit être clair qu’on ne parle pas ici de l’immigration et de son éventuelle nécessité. Ni de l’identité française, qui serait menacée par « un grand remplacement » : le sujet ne se pose pas aussi longtemps que les exilés resteront de l’ordre d’un ou de deux pour mille de la population française, et se pose encore moins si la politique à leur endroit passe d’abord, et avant tout, comme on le verra plus loin, par leur intégration dans la nation française.
Une telle politique se décline, à notre sens, en dix actions, qui méritent d’être mises en œuvre simultanément, et qui supposent une collaboration ouverte, sincère et dépassionnée de tous les acteurs : l’Etat (dans toutes ses dimensions, qui doivent être cohérentes, de la police aux services sociaux), les associations et les territoires.
1. Cette politique doit commencer par une pédagogie auprès des Français. Il est essentiel d’avoir un grand débat national sur notre rapport aux étrangers et à l’accueil. Il est urgent d’expliquer ce qu’est la France, ce pays dont la langue emploie moins de mots gaulois que de mots celtes, latins ou arabes ; la France, dont le nom vient d’un envahisseur, et dont la culture s’est sans cesse enrichie de celle de ceux qui sont venus s’y installer et qui ont fait l’effort humble de parler et de vivre notre langue et notre culture en l’enrichissant. […]