Editorial du Monde sur la campagne des législatives en Italie.
Il n’est jamais bon signe, lorsque des crimes ont été commis, de voir une partie de l’opinion s’acharner sur les victimes. Ce spectacle désolant, c’est celui que donne l’Italie depuis l’attentat commis, samedi 3 février, par un jeune homme, Luca Traini, qui a ouvert le feu sur des migrants africains au pied du monument aux morts de la petite ville de Macerata, dans le centre du pays, blessant six personnes.
Ainsi donc, « grâce » à Luca Traini, la fragile coalition constituée autour de la droite berlusconienne, des postfascistes et de la Ligue du Nord, qui peinait depuis des mois à masquer ses dissensions sur la politique économique ou l’Europe, s’est soudain ressoudée, face à un bouc émissaire facile.
Depuis samedi, la droite italienne dans son ensemble s’est livrée à une inquiétante surenchère. Dans un bel unanimisme, après avoir dénoncé de façon expéditive le geste d’un « déséquilibré », ses chefs s’en sont pris au gouvernement de centre-gauche, l’accusant d’avoir favorisé ces dernières années une véritable invasion migratoire. Le dirigeant de la Ligue, Matteo Salvini, dont les appels à la haine n’ont rien fait pour apaiser le climat, a ainsi claironné son impatience d’entrer au gouvernement pour «ramener la sécurité, la justice sociale et la sérénité» en Italie, tandis que Silvio Berlusconi promettait d’expulser 600 000 migrants illégaux, tous « prêts », selon lui, à commettre des crimes. […]