07/02/18
Un groupe d’intellectuels et d’universitaires dont Patrick Chamoiseau, Virginie Despentes, Annie Ernaux ou Thomas Piketty soutiennent les migrants qui occupent l’université Paris-VIII. Ils dénoncent le projet de loi asile-immigration du gouvernement et demandent “solennellement” à la présidente de Paris-VIII de ne pas appeler à leur évacuation.
Alors que le gouvernement s’apprête à faire voter une loi inique sur les conditions de l’asile, nous, chercheur•e•s, écrivain•e•s, artistes, exprimons notre plein soutien aux revendications des exilé•e•s qui occupent, depuis le 30 janvier, des salles de l’université Paris-VIII pour faire entendre leur protestation contre les politiques migratoires européennes et en particulier françaises. Nous saluons le travail des collectifs et des étudiant•e•s qui se sont organisés pour les accueillir. Ces initiatives de la société civile ne suffiront cependant pas à sauver une Europe complice des régimes réprimant leurs opposants et des profiteurs de la prétendue «crise migratoire» qui livrent des populations entières aux flots de la Méditerranée. […]
Pour tenter d’être à la hauteur de l’idéal de nos universités, nous demandons solennellement à la présidente de Paris-VIII, malgré les difficultés pratiques que pose forcément une telle occupation, de ne pas perdre de vue l’essentiel. Il ne faut, en aucun cas, tomber dans le piège d’une évacuation policière qui ne ferait que répéter, chez ces exilé•e•s, l’expérience de l’expulsion. Au contraire, cette université peut s’enorgueillir d’avoir été choisie pour protéger ces personnes qui ont survécu à des régimes dictatoriaux, à la traversée du Ténéré, à celle de la Libye, de la Méditerranée, des postes-frontières, aux camps de réfugiés dans les Balkans, aux violences policières et au règlement Dublin en faisant de l’université de Saint-Denis, cinquante ans après sa création à Vincennes, un sanctuaire actif du Tout-Monde.
Signataires : Gwenaëlle Aubry, Patrick Chamoiseau, Virginie Despentes, Annie Ernaux, Eric Fassin, Gaël Faye, Odile Henry, Edouard Louis, Valérie Osouf, Raoul Peck, Thomas Piketty, Zahia Rahmani et Gisèle Sapiro.
05/02/18
Originaires d’Afrique, ils demandent des papiers et un logement. La présidence de l’université de Saint-Denis leur a proposé sans succès de changer de bâtiment.
Ils sont une cinquantaine de Soudanais, Erythréens, Ethiopiens et Guinéens à occuper depuis le 30 janvier un bâtiment de l’université Paris-VIII, à Saint-Denis. Installés jusque-là porte de la Chapelle, « des militants les ont orientés vers notre établissement», dit un communiqué de la présidence de l’université. « Paris-VIII, justement nommée “université-monde”, a depuis sa fondation une tradition d’hospitalité et de solidarité. Nous avons toujours accueilli des étudiant•e•s du monde entier quelle que soit leur situation administrative», souligne le texte. Lequel cite, à titre d’exemple, la création d’un diplôme destiné aux réfugié•e•s ou encore son programme « Pause » d’accueil de scientifiques persécuté•e•s dans leur pays.
Mais l’université déplore un manque d’avancée dans « les négociations » avec les migrants pour qu’ils s’installent dans « un lieu plus approprié, plus grand et sécurisé» que le bâtiment A, actuellement occupé, où se déroulent de nombreux cours. […]
« Ce que nous voulons, c’est une réponse à nos revendications (papiers, logement) et non un déplacement dans un autre bâtiment », explique ce texte, qui appelle aussi à mettre fin à la distinction entre migrants économiques et réfugiés politiques, et au règlement de Dublin, qui prévoit le renvoi des migrants vers le pays dans lequel ils se sont enregistrés à leur entrée dans l’Union européenne.