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A 33 ans, Aurélien Taché a connu un parcours express. Issu du PS, l’ancien apprenti plombier à la scolarité agitée est devenu l’une des figures du “renouveau politique” arrivées aux responsabilités dans le sillage d’Emmanuel Macron. Il est aujourd’hui député du Val d’Oise, après être passé ces dernières années par le PS et le cabinet du ministère du Logement sous François Hollande.

L’élu de la majorité occupe les premiers rôles : “Lundi ou mardi” prochain – la date n’était pas encore arrêtée ce vendredi -, il remettra au gouvernement un rapport très attendu sur l’intégration des réfugiés. Au sein de La République en marche, il vient également de prendre la tête d’un groupe de travail sur la laïcité. Aurélien Taché a reçu le JDD à l’Assemblée pour présenter ses solutions. Et défendre ses convictions.

Vous allez remettre un rapport sur l’intégration la semaine prochaine. Que proposez-vous ?

Ce rapport vise à apporter une réponse aux étrangers au moment de leur arrivée en France, dès qu’ils obtiennent un titre de séjour – au titre de l’asile ou du regroupement familial par exemple – qui les conduira à s’installer durablement. Il y a donc trois axes. Le premier : l’Etat doit donner à ces personnes des outils pour faciliter leur autonomie. Notamment concernant les cours de langue. La France fait trop peu dans ce domaine. Ces cours de français – aujourd’hui entre 50 et 200 heures, en fonction du niveau de départ – doivent être doublés, peut-être même triplés. […]

Vous souhaitez également revoir les modules d’enseignement permettant de mieux comprendre notre pays.

Actuellement, les modules durent deux journées de 6 heures et sont vraiment très théoriques. On vous apprend l’ordonnance de Villers-Cotterêts, Clovis, le Front Populaire…[…]

Quel est le troisième axe ?

Il faut que, dans cette politique d’intégration elle-même, nous disposions d’un vrai volet consacré à l’insertion professionnelle. Aujourd’hui, seul 1 étranger sur 3 accueilli en France trouve un emploi dans les cinq premières années suivant son arrivée. […]

Vous dites que la France a une politique d’accueil, pas d’intégration. Comment expliquez-vous cela dans un pays comme le nôtre?

Pendant très longtemps, on a pensé que parce que l’on était la République française, issue des Lumières, le fer de lance de l’universalisme à travers le monde, il n’y avait rien besoin de faire. Que l’intégration se faisait toute seule et qu’il n’y avait pas besoin d’avoir d’actions particulières envers les étrangers accueillis. En réalité, c’était un peu naïf. On connaît la situation dans certains de nos quartiers. Sans politique spécifique, quand vous arrivez dans un pays, vous avez forcément moins de chances que les autres d’y trouver votre place. Beaucoup peuvent basculer dans la précarité, il faut l’éviter.

L’intégration, cela peut aussi diviser, non?

En France, il y a un droit d’asile, qui est sacré, qui est un impératif démocratique. L’asile ne se discute pas, ne se quantifie pas. Ensuite, il y a ce qui relève de la politique migratoire, fixée par l’Etat. Est-ce que ça divise? Je ne sais pas. A partir du moment où nous acceptons cette part d’immigration, nous avons tous collectivement intérêt à nous donner les moyens que ces personnes trouvent leur place dans notre pays. […]

Le JDD

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