Une enquête-choc publiée vendredi par le quotidien britannique The Times allègue que plusieurs employés d’Oxfam se sont offert les services de prostituées haïtiennes dans des résidences payées avec de l’aide humanitaire destinée à alléger les souffrances de la population après le séisme de 2010.
Selon le journal, l’organisation caritative aurait finalement décidé, après enquête, de laisser trois hommes démissionner de leurs fonctions et d’en congédier quatre autres. Le tout aurait cependant été étouffé afin de ne pas nuire à la réputation d’Oxfam, et aucun dossier n’a été soumis à la police.
Selon un rapport confidentiel rédigé pour le compte d’Oxfam en 2011, le directeur local d’Oxfam en Haïti, Roland van Hauwermeiren, a admis avoir reçu des prostituées dans la villa qui avait été louée pour lui. Plutôt que d’être congédié, il s’est vu offrir la possibilité de démissionner avec un préavis d’un mois, s’il collaborait à l’enquête.
« Cette proposition a été subséquemment approuvée par [la directrice générale d’Oxfam] Barbara Stocking […] en raison des retombées potentiellement graves pour le programme et ses partenaires affiliés et pour la suite de l’enquête, s’il devait être démis de ses fonctions », lit-on dans le rapport.
Deux autres employés d’Oxfam ont démissionné alors qu’ils faisaient l’objet d’une enquête pour avoir embauché des prostitués et pour intimidation, et quatre autres ont été renvoyés par Oxfam pour grossière indécence. Il s’agissait dans tous les cas de travailleurs humanitaires d’expérience.
Parmi ces quatre employés, certains ont « utilisé les services de prostituées dans des propriétés d’Oxfam », tandis que d’autres ont enregistré du « matériel pornographique ou illégal » sur des ordinateurs de travail. Plus généralement, le rapport évoque une « culture d’impunité » parmi les employés.
Contactée par Radio-Canada, la directrice d’Oxfam-Québec, Denise Byrnes, affirme qu’elle avait pris connaissance de l’histoire du Times. « Ce sont des comportements qui sont inexcusables et qui vont totalement à l’encontre des valeurs profondes d’Oxfam. Nous ne pouvons tolérer aucun comportement de ce genre et nous devons nous assurer d’avoir toutes les mesures possibles en place pour éviter que ça n’arrive encore. » Selon Denise Byrnes, ses employés ne sont pas en cause dans ces événements.
Une source du Times dit avoir informé Oxfam que des orgies avaient eu lieu dans des appartements transformés en « bordel ». Cette source dit avoir vu une vidéo filmée par un résident de ces appartements.
Ils faisaient de grosses fêtes avec des prostituées. Ces filles portaient des t-shirts d’Oxfam, se promenaient à moitié nues. C’était comme une orgie de Caligula. C’était incroyable. C’était fou.
Selon une source du Times, les chauffeurs employés par l’organisation étaient menacés de perdre leur contrat s’ils ne collaboraient pas. « Ils se faisaient dire : “Écoutez, si vous voulez que vos contrats soient prolongés, nous avons besoin de filles, et nous avons besoin que vous les transportiez.” » (…)