Chronique de Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde », sur l’avenir de la droite.
Singer le Front national mais jusqu’où ? Si Laurent Wauquiez ne cache pas sa volonté de récupérer les électeurs du parti d’extrême droite au moment où Marine Le Pen éprouve les plus grandes difficultés à se remettre en selle, toute une doctrine reste à élaborer pour les séduire sans perdre tous les autres.
Sur le plan régalien, le discours est désormais très proche de celui de l’extrême droite qu’il s’agisse de valoriser « l’amour charnel » de la France, de pointer l’immigration comme grande cause du délitement, d’appeler au durcissement sécuritaire ou de proclamer la lutte implacable contre l’islamisme radical.
Sur le plan économique et social, les thèmes mis en avant sont également voisins. Le positionnement de LR consiste à prendre la défense du petit face au gros en apparaissant comme le meilleur défenseur de toutes les catégories qui auraient à souffrir des décisions d’Emmanuel Macron et de son gouvernement : les retraités victimes de la hausse de la CSG, les classes moyennes non concernées par la quasi suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune, l’électorat populaire cible supposée de la nouvelle limitation de vitesse sur les routes nationales, de la hausse du prix du tabac ou du relèvement des taxes sur le diesel.
Ces dernières semaines, Laurent Wauquiez a été le défenseur du pouvoir d’achat le plus virulent, détrônant à la fois la gauche et le FN sur ce terrain de lutte où d’ordinaire la droite ne brille pas. Le paradoxe est que fondamentalement son discours ne diffère guère de celui d’Emmanuel Macron. […]