Fdesouche

Guido Reil est mineur de charbon, comme l’étaient son père et son grand-père avant lui. Il est entré à 18 ans dans un syndicat et à 20 ans au parti social-démocrate de centre-gauche. […] Mais il y a deux ans, après l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés en Allemagne, M. Reil est passé au parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne(AfD). En mai dernier, aux élections régionales, il était sur la liste de ce parti qui a obtenu 20 pourcent des voix dans la circonscription où il habite, pendant que les sociaux-démocrates perdaient 16 pourcent par rapport à l’élection précédente.

“Ce sont mes anciens camarades”, dit en riant M.Reil. “Ils m’ont suivi.”

Comment un parti d’extrême droite parvient-il à attirer les votants du monde du travail, traditionnel bastion de la gauche ?
[…]

L’AfD, a déclaré M. Pohl [député AfD], “est un nouveau parti populaire qui se soucie du petit peuple“. Comme certains députés de centre gauche s’esclaffaient, M. Pohl a montré du doigt les caméras de télévision. “Continuez de rire”, a-t-il dit, “vos électeurs vous regardent”.

Effectivement. L’AfD a déjà pris aux sociaux-démocrates la place de second aux élections dans une bonne partie de ce qui était autrefois l’Allemagne de l’Est. En Bavière, ils ne sont pas loin derrière.

Mais M.Reil croit que son parti a le plus grand potentiel dans des endroits comme Bottrop, dans la Ruhr, naguère le cœur industriel de l’Allemagne de l’Ouest et bastion de longue date de la social-démocratie et des syndicats.

[…]

Il y a des plans pour créer un nouveau mouvement national des travailleurs, dit M. Reil. Son nom sera le Syndicat alternatif de l’Allemagne. “La révolution”, prédit-il, “se fera dans l’industrie automobile”.

Les patrons des syndicats […] rejettent en public ces propos comme “marginaux”. Mais en privé, certains sont inquiets.

Les frontières ouvertes et l’État-providence ne vont pas ensemble.”
[…]

À Bottrop, ce message passe bien.

Les habitants se plaignent de ces réfugiés à qui on prescrit “des séances thérapeutiques d’équitation” et des cours pour apprendre à flirter, offerts par les contribuables, pendant que les écoles publiques sont en déclin.

“Ils obtiennent les logements sociaux rénovés pendant que les Allemands attendent des années”, dit Linda Emde, patronne d’un des rares bars encore ouverts. “Mais quand vous élevez la voix contre l’immigration, on vous traite de raciste.” Mme Emde a voté toute sa vie pour les sociaux-démocrates. Mais en septembre, elle et son mari sont passés à l’AfD.

Katrin BENNHOLD

(Traduction Fdesouche)

New York Times

Fdesouche sur les réseaux sociaux