L’Europe se pince le nez quand elle regarde le PiS, le parti Droit et Justice au pouvoir en Pologne. Elle a ouvert une procédure inédite pour risque de violation grave de l’état de droit. Pourtant le PiS, décrié à Bruxelles, gagne encore en popularité. Nous avons voulu comprendre pourquoi.
Le PiS caracole pourtant en tête des sondages. Alors que de nouvelles élections se profilent à l’automne, il est même encore plus populaire aujourd’hui qu’hier, quand il est arrivé au pouvoir, crédité de quelque 40 % des intentions de vote. Pour comprendre ce qui fait son succès, nous sommes allés dans la Pologne des campagnes, qui a voté davantage PiS que les grandes villes. Notre voyage nous emmène notamment à deux heures de train de Varsovie dans une petite ville rurale, Szydłowiec. À travers la vitre, dans le froid de ce mois de février se succèdent forêts et vergers, paysages recouverts de neige, peu d’habitations, encore moins de centres urbains.
(…) Mais au-delà des bénéfices sociaux, au-delà des valeurs de la famille et de la patrie remises à l’honneur, au-delà de la lutte contre la corruption, du patriotisme économique, de la décommunisation, un discours porte les Polonais soutenant le PiS : celui de la fierté retrouvée d’une Pologne enfin souveraine qui s’affirme en Europe et veut parler d’une voix aussi forte que la France ou l’Allemagne. Cette Pologne, fière de sa croissance économique et de son niveau d’éducation, n’accepte plus d’être regardée de haut, tancée par l’Union. Elle veut décider pour elle-même. Et le PiS, à la différence de ses adversaires de la PO, a réussi à capter cette aspiration des Polonais à la reconnaissance. Une Pologne qui va fêter le centenaire de sa création, une Pologne occupée par les nazis puis sous domination communiste, sensible à ce que l’un de nos interlocuteurs qualifie de “politique des symboles“.
Merci à Grindhouse