Un vent de colère a secoué les retraités, qui ont même manifesté à Grenoble vendredi. En cause notamment, la hausse de la cotisation maladie pour certains d’entre eux, finalement suspendue. Selon Virginie Pradel, fiscaliste à la Fondation Concorde. les retraités sont une cible privilégiée du matraquage fiscal depuis de nombreuses années.
Le candidat d’En Marche a remporté le second tour de l’élection présidentielle 2017 avec une nette avance sur Marine Le Pen : 66,1%. Cette victoire, il la doit notamment aux seniors qui ont majoritairement voté pour lui, alors qu’ils avaient plutôt voté pour le candidat « conservateur » de Les Républicains au premier tour. ( observatoire-des-seniors )
Devant l’émoi suscité, le gouvernement a finalement suspendu le décret relevant la cotisation maladie des retraités résidant à l’étranger. Ces derniers échappent ainsi à une nouvelle baisse de leur pension ; ce qui n’est malheureusement pas le cas des autres retraités subissant de plein fouet la hausse de la CSG. Rappelons que cette mesure s’inscrit dans la continuité de bien d’autres qui, depuis plusieurs années, ont accentué la précarité d’une partie de nos retraités.[…]
Une chose est certaine: toutes les sociétés ne sont pas égales s’agissant du traitement réservé à leurs retraités. Alors que certaines les chérissent, d’autres ont peu de scrupules à les laisser dépérir. Force est malheureusement de constater que la nôtre tend de plus en plus à rejoindre cette deuxième catégorie, dès lors que les mesures adoptées depuis plusieurs années par les gouvernements successifs ont accentué la précarisation de nos retraités. […]
Depuis environ 25 ans, le matraquage des pensions de retraites s’opère dans une indifférence quasi-générale et regrettable. Pour mémoire, le premier coup a été porté en 1993 par la réforme Balladur, laquelle a conduit à ce que les pensions des salariés du privé soient calculées sur les 25 meilleures années de cotisation, au lieu des 10 meilleures. Cela a eu pour conséquence une baisse du salaire de référence pris en compte pour le calcul des pensions de retraite, et donc du montant de ces dernières. Au reste, cette réforme a fait évoluer les modalités de calcul de la revalorisation des pensions de base, de sorte que celles-ci sont désormais indexées sur l’inflation et non plus sur l’évolution des salaires. Or, depuis plusieurs années, l’inflation est largement inférieure à l’évolution des salaires. […]
Il va sans dire que les retraités constituent une cible fiscale aisée à ponctionner. D’une part, car il ne s’agit pas d’une population susceptible de se mobiliser et de mettre en oeuvre d’importants mouvements sociaux. D’autre part, car on ne cesse de les culpabiliser sur leur train de vie supposé privilégié. Or, si cela est assurément vrai pour certains retraités, c’est loin de constituer une généralité puisque selon l’Insee le montant moyen des pensions se chiffrait à seulement 1 306 euros par mois en 2014. […]
Certes, notre pays est surendetté et tous les Français, y compris nos environ 16 millions de retraités, doivent contribuer à l’effort national. Mais le choix de faire payer en premier nos retraités, qui vivent déjà pour certains dans la précarité, est indigne.